(Article publié le 13 avril 2014 par Les Echos (Le Cercle) et republié par Malijet...)
Deux ans après le déclenchement de la crise militaro-civile, le Mali peine à se remettre en selle. Le peuple malien a soif de paix et de bien-être. En s'adressant aux Français le 8 avril 2014, le nouveau premier ministre français, Manuel Valls, a aussi parlé à ma conscience. Je vous propose de larges extraits de son intervention à l'hémicycle, adaptés à mes mots et tropicalisés à nos maux.
En ce dimanche chaud, ensoleillé et dégagé, aux berges du Djoliba, mes pensées vont à quatre personnalités du Mali, Soumana Sacko, Konimba Sidibé, Ogobara Doumbo et Adama Traoré. Et à travers eux, tous ces Maliens connus et anonymes qui ont consacré toute leur vie au service du Mali.
Le pays a besoin d'eux, de leur exemplarité, de leur expertise et de leur expérience. Ils font partie du dire et du faire au Mali. Ils ont fait ce qu’ils pouvaient pour leur pays. Sans rien attendre en retour. Que le sentiment du devoir accompli. Mais, en vérité, le pays peut tirer beaucoup d’eux. Pourvu que les dirigeants actuels et eux-mêmes en veuillent. Sans coloration politique. Sans calcul politicien. Ni chantage. Ni marchandage.
Rien que pour l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens
La gravité du moment requiert de chacun de nous sacrifice et dépassement. Et en pensant à eux, je ne peux que m'inspirer du présent locataire de Matignon, Manuel Valls et son discours de Politique générale. En s'adressant aux Français le 8 avril 2014, il a aussi parlé à ma conscience. Je vous propose de larges extraits de son intervention, adaptés à mes mots et tropicalisés à nos maux.
Trop de souffrance, pas assez d’espérance, telle est la situation du Mali
Les Maliens nous regardent. Ils attendent beaucoup de nous. Ils ont dit leur déception, leur doute, leur mécontentement et parfois leur colère. Ils ont dit leur peur de l’avenir. Leur avenir, et celui de leurs enfants. Enfin, les Maliens ont exprimé leur soif de justice, de paix, de sécurité, de promotion de la transparence et de la bonne gouvernance. En un mot de bien-être.
Ils veulent des résultats concrets qui changent leur quotidien et les projettent dans un avenir plus prometteur.
Il faut ouvrir une nouvelle étape du quinquennat
Le Mali est à un moment de son histoire où il faut se concentrer sur l’essentiel. Et l’essentiel, c’est de redonner confiance aux Maliens dans leur avenir. Dire l’essentiel pour retrouver l’essentiel : la confiance des Maliens. Mais la crise économique et sociale n’explique pas, à elle seule, la crise de confiance. Il y a aussi une crise civique, une crise d’identité.
Disons les choses simplement : beaucoup de nos compatriotes n’y croient plus. Ils ne nous entendent plus. La parole publique est devenue pour eux une langue morte. Le présent est instable, l’avenir est illisible. Peu de Maliens se sentent à l’abri.
La réalité est là, et il faut la regarder, sans trembler : les visages fermés, les gorges nouées, les lèvres serrées…
Nous devons aller à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est le Mali ! Son avenir, sa jeunesse, sa force. Il faut croire en nous-mêmes et en notre jeunesse. Redresser le Mali, c’est le redresser dans la justice. Le Mali sera fort, s’il est juste. Notre nation est singulière : elle ne peut pas concevoir la force sans la Justice. Blaise Pascal l’a formulé de façon lumineuse : "la justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique".
Le redressement de l’école doit être une priorité. Ce qui doit compter et nous rassembler, c’est la réussite des élèves, partout au Mali.
Les Maliens doivent se regarder avec lucidité, mais aussi fierté
Notre pays a de la grandeur. Cette grandeur n’est pas une nostalgie, c’est l’ambition qui nous anime de génération en génération. Car le Mali a tant d’atouts.
Et puis, notre pays a le plus bel atout qui soit : la République et ses principes de tolérance, de solidarité, de respect et de progrès. Un Peuple, Un But, Une Foi. La République, c’est avant tout les mêmes droits et les mêmes devoirs pour tous les citoyens. La République, c’est la sécurité. La République, c’est la laïcité. C’est l’essence de notre nation, sa sève, sa flamme.
Dans un pays traversé par les fractures, les rumeurs, tous les républicains doivent savoir s’écouter, se retrouver et éviter les surenchères dont les extrémismes sont les seuls vainqueurs. Soyons fiers d’être Maliens !
Ne rétrécissons pas le Mali, ne rétrécissons pas ses rêves !
Pour conclure, souffrez que je puisse m'inspirer d'une compatriote à Manuel Valls, la femme politique Simone Weil : il faut donner aux Maliens quelque chose à aimer : Le Mali.
Cheickna Bounajim Cissé
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