« Rien n'est meilleur que l'agriculture,
rien n'est plus beau, rien
n'est plus digne d'un homme libre.
Elle
suffit amplement aux besoins de notre vie. »
Le Mali est un pays vaste et étendu, sans littoral, dont près des deux
tiers du territoire sont presque désertiques. Pourtant,
il regorge d’énormes potentialités dans le domaine
agricole non encore préemptées.
Le choix
du thème de l’agriculture[2] n’est
pas un hasard. Il rend hommage, à la terre nourricière et au monde rural et, à
travers eux, à tout le peuple malien. Pour cause, la première bande du drapeau
national, « le vert », symbolise l’espérance, la verdure des prairies et des champs, son
sol et tout ce que celui-ci peut produire. Le vert rappelle aussi la vocation
essentiellement agropastorale du Mali. C’est dire que l’agriculture est et doit
être une cause nationale.
Depuis l’indépendance,
les autorités en ont fait un secteur prioritaire avec à l’appui une politique volontariste et incitative. Et cela, pour
trois raisons. D’abord, son importante contribution à la richesse nationale. Le
secteur agricole est la principale source de croissance et de réduction de la
pauvreté. Il a représenté ces
dernières années environ 40 % du produit intérieur brut (26 % pour
l’agriculture, 10 % pour l’élevage et 4% pour la pêche). Ensuite, les recettes en devises qu’il engendre pour le
pays. Il est la seconde source de
devises du Mali après l’or en fournissant plus de 30% des recettes
d’exportation, grâce essentiellement aux ventes de coton. Puis, il demeure le principal pourvoyeur d’emplois du pays. Il occupe 70% de la population active qui vit essentiellement
en milieu rural
(environ 64% du territoire national). Et, enfin, le rôle nourricier du secteur
agricole. Il satisfait, en grande partie, aux besoins alimentaires des 15
millions de maliens. Cette population doublera en 2030. Face à cette pression
démographique et aux aléas extérieurs qui sont difficilement prévisibles, il va
falloir être prévenant.
Etat des lieux
La situation du secteur
agricole du Mali a fait l’objet de nombreuses études, parmi lesquelles on peut
citer, les rapports des experts du Plan National d’Investissement Prioritaire
dans le Secteur Agricole (PNIP-SA)[3] et de l’Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre
la Pauvreté (ODHD/LP)[4]. L’essentiel des constats
ci-dessous en est des extraits.
- Situation
géographique:
Le Mali est un vaste pays sahélien, enclavé au cœur de l’Afrique de
l’Ouest, d'une superficie de 1.241.138 km² dont les deux tiers sont dans la
zone subsaharienne ou désertique. La population résidente a été multipliée
par quatre durant les cinquante dernières années. Elle était de 14
517 176 habitants (Recensement Général de la Population Humaine,
2009) contre environ 3 700 000 habitants à l’indépendance, en 1960
(Rapport FAO). Elle croît au taux de 3,6% l’an, et à ce rythme devra se
situer à près de 30 millions en 2030. Cette population, à majorité rurale,
est jeune, près de la moitié a moins de 15 ans contre 3% de plus de 65
ans. Les femmes représentent 50,4% de la population contre 49,6% pour les
hommes. L’espérance de vie à la naissance de la
population est de 61,6 ans (EDSM IV). La répartition spatiale est inégale
: les ¾ de la superficie du pays abritent moins de 10% de la
population ;
- Situation
pluviométrique et hydrologique : Le climat du Mali est de type
intertropical continental se caractérisant par une seule saison pluvieuse avec des alternances de bonne et de
mauvaise année de pluviométrie[5]. Encore dénommée hivernage, la durée moyenne
des précipitations varie de 2 à 5-6 mois (mai-octobre), avec des hauteurs
de pluies variant de 100 mm (ou moins) au Nord à 1 200 mm au Sud. Le climat est rendu rigoureux, non
seulement par les températures élevées et l'insuffisance des pluies mais
également par la mauvaise répartition de celles-ci, qui entraîne des pertes de production, souvent des poches de
disette ;
- Sols : Selon les études du Projet Inventaire des
Ressources Terrestres (PIRT), effectuées au sud de la zone saharienne,
environ 17 400 000 ha de terres sont de très aptes à faiblement aptes à
l’agriculture, soit près de 34% de la zone d’études. Environ 92% de ladite
zone sont, de très aptes à faiblement aptes à l’élevage et à la
sylviculture, soit 47 millions d’hectares. Les statistiques sur les
superficies cultivées tournent actuellement autour de 4 millions
d’hectares soit 23% du potentiel des terres aptes à l’agriculture, dont
moins de 300 000 ha bénéficient d’autres sources d’eau que la pluie
(source : Gouvernement, Table Ronde 2008). A un rythme
d’accroissement observé de 2,2% par an, dans moins de 70 ans (soit 67,5
ans), toutes les terres aptes à l’agriculture seront toutes utilisées. Il
existe donc une marge de manœuvre si l’intensification prend le pas sur
les modes de culture traditionnels. A titre de comparaison, le Maroc[6] possède peu de terres
fertiles. En effet, la surface agricole propre à l’agriculture est
relativement réduite et représente 12% seulement de la superficie totale
du pays (71 millions d’ha), soit 8,7 millions d’ha soit exactement la
moitié des terres cultivables du Mali. Parmi ces terres arables, 13%
seulement sont mises en valeur sous irrigation, le reste (soit 87% du
potentiel) est exploité en «bour» (non irrigué) et soumis à une
dégradation par l’érosion hydrique ou éolienne, l’ensablement, la
salinisation et d’autres phénomènes de désertification. ;
- Ressources en eau : Parcouru par deux
grands fleuves, le Niger (le 3ème d’Afrique et le 9ème
au monde) et le Sénégal, le Mali dispose d’importantes ressources en eau
dont le potentiel est estimé à environ 148 milliards de m3 contre des
besoins annuels estimés à 6,12 milliards de m3 soit seulement 4% du
potentiel (source : Ministère du Développement Rural et de l’Eau,
Programme d’investissement dans le domaine des aménagements hydrauliques,
1999). Il est composé des eaux souterraines : 66 milliards de m3 sur des
réserves en aquifères de 2 720 milliards de m3 et des eaux de surface pour
82 milliards de m3 (dont 67 milliards de m3 en année moyenne pour les
ressources pérennes et 15 milliards de m3 pour les ressources non pérennes).
Les ressources en eau de surface sont alimentées par les fleuves, Niger et
Sénégal, et leurs affluents qui traversent le Mali respectivement sur 1
700 km (soit 40% du cours total du fleuve Niger) d'Est en Ouest et sur 900
km (soit 53% du cours du fleuve Sénégal) à l'Ouest. L'ensemble des bassins
versants de ces cours d’eau offre un potentiel irrigable estimé à plus de
2,2 millions d'ha. Le Delta intérieur du Niger, s'étend sur plus de 30 000
km² et figure parmi les grandes richesses écologiques de l'Afrique de
l'Ouest. Le Mali a un potentiel de plus de 2 526 000 ha de terres aménageables[7] dont seulement environ 383 000 ha ont été exploités en 2008/2009
(soit 19%) selon les résultats de l’enquête agricole de conjoncture
2008/2009 et les informations données par les offices de développement
agricole.
A titre de comparaison,
le Maroc[8] aujourd’hui puissance agricole régionale grâce à son ambitieux « Plan
Maroc Vert », ne dispose que de 20% du potentiel en eau du Mali soit 29
milliards de m3 de ressources en eau dont 19 milliards de m3 sont actuellement
mobilisables dans des conditions techniques et économiques acceptables. Les
usages de l’eau se répartissent suivant la proportion suivante : 83 % pour
l’agriculture et 17 % pour l’industrie et l’eau potable. L'eau de surface, qui
représente les deux tiers du potentiel en eau, subit des fluctuations d'apports
importantes selon l'hydraulicité de l'année. La priorité ainsi donnée, depuis
plusieurs décennies, au développement des ressources en eau de surface a permis
de doter le pays d'un patrimoine d'infrastructures hydrauliques composé, en
2004, de 109 grands barrages d'une capacité de stockage de plus de 15,6
milliards de m3 avec un volume régularisé de plus de 9,5 milliards de m3, et de
13 systèmes de transfert d'eau d'une longueur totale de 785 km et d'une
débitance totale de l'ordre de 175 m3/s. Sur l’ensemble de ces ressources, le
potentiel en eau souterraine mobilisable s’élève à près de 4 milliards de m3
réparti sur 80 nappes dont 48 sont superficielles. L'effort de mobilisation des
eaux souterraines, entrepris depuis 1961, a permis un développement sans
précédent de l'exploration et de l'exploitation des nappes souterraines. La
réalisation d'un linéaire moyen de près de 100 km par an en puits et forages
d'eau a permis de disposer d'un volume de près de 2,87 milliards de m3 par an.
Le contexte hydrologique du Maroc reste principalement influencé par une
irrégularité annuelle et une variabilité interannuelle très marquées des
précipitations et une hétérogénéité de leur distribution. L’alternance de
séquences de forte hydraulicité et de séquences de sécheresse d’intensité et de
durée variables est également un trait dominant des régimes hydrologiques. Les
précipitations se produisent généralement en deux périodes pluviales, la
première en Automne et la seconde en Hiver. Le nombre de jours pluvieux varie
de l’ordre de 30 au Sud du pays à près de 70 au Nord. Le Maroc a connu
plusieurs sécheresses dont une dizaine a concerné la majeure partie du pays.
Les épisodes les plus remarquables des années 1944-1945, 1980-1985, 1991-1995
et 1998-2002 ont intéressé la majeure partie du territoire national pendant une
durée pouvant atteindre cinq années successives, constituant ainsi les
sécheresses les plus sévères et les plus longues jamais observées. ;
- Cadre juridique et réglementaire :
Il est articulé autour de la Loi d’orientation agricole (LOA)[9], le
Schéma Directeur de développement du secteur rural (SDDR), le Cadre
stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP)[10]. La loi d’Orientation Agricole (LOA) est le cadre d’orientation à long terme de l’ensemble des
politiques de développement agricole du Mali (productions végétales,
animales, forestières, halieutiques, approvisionnements, etc.) qui
constitue, en principe, le cadre de référence pour élaborer toutes les
autres politiques relatives à l’agriculture. Elle a été votée par
l’assemblée nationale le 16 août 2006 et promulguée le 5 septembre 2006 (Loi n° 06-40/AN-RM portant Loi
d’Orientation Agricole). Elle
prévoit la création de certains organes et structures, notamment : le
Fonds National des Risques et des Calamités Agricoles, le Fonds National
de Développement Agricole, un Système National du Conseil Agricole, le
Conseil Supérieur Agricole (doté d’un Comité National et de Comités
Régionaux). En outre, elle institue la Journée du paysan, un événement
annuel qui rassemble tous les acteurs de la profession agricole ;
- Profusion des projets et structures d’encadrement : La prolifération des Offices de Développement Rural (ODR) :
Office du Niger, Office de la Haute vallée du Niger, Office du périmètre
irrigué de Baguineda, Office de développement rural de Sélingué, Office de
développement rural de la vallée du fleuve Sénégal, Office riz Mopti et
Office riz Ségou ;
- Vulnérabilité du
secteur agricole :
Le secteur primaire est très vulnérable aux catastrophes naturelles qui
affectent le pays : les inondations, la sécheresse et les invasions
acridiennes récurrentes. Les catastrophes naturelles que le Mali
connaît sont les sécheresses (1973/74, 1980, 1984).
Le problème fondamental de l’environnement au
Mali est avant tout, celui de la désertification généralisée, résultante
de pratiques d’exploitations abusives des ressources
naturelles, combinée aux effets de sécheresse qu’elle
continue d’aggraver. De même les inondations, assez
importantes, constituent la principale catastrophe à laquelle les
autorités font face chaque année. Et depuis quelques années, les invasions
acridiennes (criquets pèlerins) sont relativement fréquentes et leur
impact sur le secteur primaire est important. Les études menées par l’Equipe
Système de Production et Gestion des Ressources Naturelles de l’Institut
d’Economie Rurale (IER/ESPGRN), ont démontré une forte dégradation de la
ressource terre du fait de l’érosion hydrique
liée en grande partie à la pression démographique et aux techniques
agricoles extensives (cultures sur brûlis, nomadisme agricole, réduction
du temps de jachère, etc.) ;
- Insécurité alimentaire : On estime à quelque 2 millions le
nombre de personnes qui souffrent d'insécurité alimentaire au Mali[11]
à cause des effets persistants de la crise alimentaire et nutritionnelle
de 2011-12, provoquée à la fois par la sécheresse, les prix élevés des
céréales et la dégradation de l'environnement, ainsi que les déplacements
internes de population. Plus de 400.000 personnes ont fui leur domicile
depuis le début du conflit l'an dernier, aggravant ainsi la crise
alimentaire qui y prévalait. De nombreuses personnes déplacées sont des
agriculteurs qui résident provisoirement dans des camps de réfugiés ou
dans des familles d'accueil dans les pays voisins ou au sud du Mali ;
- Exploitations agricoles : Sur les 800 000 exploitations
agricoles[12] du pays, environ 700 000 soit 86%,
pratiquent l’agriculture et 100 000 exploitations correspondent à des
éleveurs stricts ou des pêcheurs (Source : Etude Rural Struct ; 2008
IER) ;
- Situation agricole : La production
céréalière au titre de la campagne 2012-2013 au Mali est estimée à plus de
6 554 857 de tonnes, contre 5.777.729 tonnes pour la saison précédente, soit un taux d’augmentation de 13,45%. Le riz passe de 1 741 473 tonnes
l’année dernière, à 2 076 423 tonnes pour la présente campagne soit un
taux d’augmentation de 19,23% et 19,27% par rapport à la moyenne des cinq
dernières années. Quant au maïs, il est de 1 298 234 tonnes l’année passée
contre 1 418 907 tonnes au titre de la campagne en cours, avec un taux de
croissance de 9,30% pour la présente campagne et 27,51% par rapport à la
moyenne des cinq dernières années. Ces performances agricoles ont été
obtenues grâce à la mise en valeur de 4 373 127 hectares toutes
spéculations confondues. Ainsi, le mil a occupé 1 663 355 hectares, tandis
que le sorgho a occupé 1 300 303 hectares, le riz, 822 113 hectares, le
maïs, 550 593 hectares, entre autres. En appliquant les taux de pertes et
prévisions de semences ainsi que les coefficients de transformation aux
productions brutes, on obtient une production disponible d’environ 5 096 130 tonnes, dont 1 289 460 tonnes
de riz, 34 060 tonnes de blé/orge et 3 772 610 tonnes de céréales sèches.
La norme de consommation céréalière est estimée à 214 kg/habitant/an dont
81,61 kg pour le riz, 9,86 kg pour le blé et 122,53 kg pour les céréales
sèches. Les prévisions d’importations commerciales sont établies à partir
de la moyenne des importations réalisées entre 2009 et 2011, soit 265 948
dont 165 036,503 tonnes pour le riz, 100 597,154 tonnes pour le blé et
l’équivalent de farine en blé grain et 314,038 tonnes pour les céréales
sèches. Les prévisions d’aide alimentaire sont estimées sur les
réalisations de 2011 soit 2443,588 tonnes de riz, et 4 175,788 tonnes de
céréales sèches. Le bilan céréalier dégage une disponibilité apparente de
336,32 kg/habitant/an dont 89,52 pour le riz, 7,25 pour le Blé/orge et
239,55 pour les céréales sèches[13] ;
- Campagne
2013/2014 :
Pour la prochaine campagne agricole 2013-2014, les autorités maliennes tablent
sur une production céréalière de 7 590 690 tonnes (soit
une hausse de 12% par rapport à la précédente saison) et pour la
production de coton graine de 522 000 tonnes. Le coût du plan de campagne
agricole 2013-2014 est estimé à 111 947 250 488 francs CFA à répartir entre l’Etat, ses partenaires et
les producteurs. A
la faveur des réformes engagées ces dernières années, le marché céréalier du Mali est devenu le second plus important de
l'Afrique de l'ouest après celui du Nigeria. Les cinq filières céréalières
les plus importantes au Mali sont: le mil, le sorgho, le riz, le maïs et
le blé. Si l'offre en blé, cultivé essentiellement dans la région de
Tombouctou, repose en grande partie sur les importations, celle du mil, du
sorgho, du riz et du maïs est largement assurée par la production
nationale. Le taux de couverture des besoins locaux par la production
nationale du riz est le plus élevé de l'Afrique de l'ouest (plus de 80%)[14] ;
- Coton : Le coton
est d’une importance capitale dans l’économie malienne et constitue la
deuxième source de devises du pays après l’or. Il occupe 300 000
exploitations agricoles (37,5% des 800 000 que compte le pays) et 3 à
4 millions de personnes vivent de sa culture. Durant les trois dernières
campagnes (2009, 2010 à 2011-2012), le Mali a enregistré une forte
progression de sa production cotonnière. Celle-ci est passée de 229.000
tonnes en 2009/2010 à 445.314 tonnes en 2011/2012 avant de s’établir à
environ 450.000 tonnes pour la présente campagne. Cette progression reste
fragile malgré les efforts fournis dans l’approvisionnement correct en
intrants subventionnés, l’augmentation du prix du coton graine aux
producteurs et le paiement du coton à temps.[15] Avec
une production autour de 500 000 tonnes de coton graine attendue pour
la campagne 2012/2013, le Mali s’est vu déclasser du premier rang en
Afrique, par le Burkina Faso[16] ;
- Compagnie Malienne de Développement Textile (CMDT)[17] : Créée en 1974, la CMDT est une société anonyme d'économie
mixte, chargée de gérer la filière de production cotonnière du Mali, de la
production jusqu’à la commercialisation. A sa
création, elle avait deux actionnaires : l’Etat malien, actionnaire à 60%,
et la CFDT (Compagnie Française de Développement Textile), actionnaire à
40%. L’entreprise a connu de graves difficultés dans le passé récent,
notamment à partir de 2004, qui ont fait que la part de l’actionnaire français
a très fortement diminué. Il faut dire qu’entre-temps la CFDT est devenue
Dagris en 2001, et celle-ci, privatisée, est devenue Géocoton en 2008. Selon la Banque Mondiale[18],
les performances de la CMDT avaient été
spectaculaires, dans le passé, faisant du Mali le deuxième producteur
africain de coton après l'Egypte. Les activités de la société échappaient
à toute véritable surveillance et dont les pratiques en matière de gestion
financière et de passation de marchés ont été très critiquées. A la fin de
1999, la CMDT devait faire face à une crise financière majeure avec des
pertes cumulées de 58 milliards de FCFA pour la période 1999-2000, pertes dont
le montant dépassait celui des dépenses de l'éducation primaire pour la
même période. Cette crise avait été provoquée par une chute de 40% des
cours mondiaux du coton depuis 1998. Cette chute devait être suivie par un
boycott de la production cotonnière par le monde paysan au cours de la
campagne 2000-2001, déclenché par la réduction du prix au producteur, avec
pour résultat une diminution de 50% de la production cotonnière. Il a
fallu attendre le Conseil des ministres du 4 octobre 2006,
sous la pression de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire
International, pour que le Gouvernement malien décide de la privatisation
de la CMDT. Le but de cette décision était de limiter les risques
financiers pour le budget de l’Etat, et d’améliorer, par la même occasion,
la gestion et la rentabilité de la filière coton. A l’occasion du sommet
France-Afrique de 2007, l’ancien président de la République dénonçait les
subventions des pays occidentaux à leurs cotonculteurs et la chute des
cours mondiaux du coton. Il déclarait : « Hier, c'était l'or blanc, aujourd'hui, c'est vraiment un
cauchemar. C'est un véritable supplice de Tantale. Nous avons la barbe
dans l'eau et l'on meurt de soif. Jamais nous n'avons produit tant de
coton en quantité et en qualité, mais jamais les prix n'ont été aussi
instables qu'aujourd'hui. Il y a des gens qui sèment du coton et qui
récoltent allègrement des subventions. Nous, malgré tous nos efforts, nous
semons du coton et on ne récolte que des déficits. Sur la base d'estimations contenues dans
une étude faite par le Comité Consultatif International sur le Coton, la
suppression de la subvention des Etats-Unis sur le coton augmentera le
revenu du paysan malien qui cultive le coton de plus 31 %, de 500 à 659
dollars par an, ce qui est énorme dans un pays où très peu de gens gagnent
1 dollar par jour »[19]. La CMDT intervient
dans les terroirs situés au sud du fleuve Niger (le Cercle de Dïoila dans
la Région de Koulikoro, les Cercles de Barouéli, de Bla et de San dans la
Région de Ségou et l'intégralité de la Région de Sikasso) et à l'ouest
dans le Cercle de Kita (Région de Kayes), sur une superficie de 134 518
km² regroupant 6 345 villages et
hameaux et abritant une population d’environ 3 400 000 habitants, soit 28%
de la population nationale qui vivent directement de son revenu. Le coton
fournit 45 à 124 milliards francs CFA de revenus bruts au monde rural,
represente160 à 200 milliards de F CFA par an de recettes d’exportation
(soit 30 à 45 %) du total suivant les années. Il produit 5 à 10 milliards francs
CFA de taxes pour l’Etat (uniquement la CMDT). La production est assurée par des petites exploitations familiales
au nombre de 175 000 exploitations, cultivant en moyenne 10 ha dont 3 ha
sont réservés au coton (le 1/3), le reste est occupé par les céréales
(maïs, mil, sorgho et riz pluvial) et les légumineuses (arachides, niébé).
Sur l’ensemble des exploitations agricoles, 86% possèdent du matériel de
culture attelée. Les excédents monétaires nés de l'activité cotonnière ont
permis la constitution d'un troupeau de bovins d’environ 2,2 millions de têtes
appartenant aux producteurs. La culture du
coton au Mali est pluviale. L’encadrement de sa production est assuré par
deux structures : la CMDT pour les 95% de la production et l’Office de la
Haute Vallée du Niger (OHVN) pour 5%. Le système de production est basé
sur le coton pour 1/3 des superficies, les céréales et autres cultures
pour le reste. La zone cotonnière produit les 40% des céréales sèches du
pays. La production de coton est en grande partie (99%) destinée à
l’exportation. Le secteur coton dispose de : 17 usines
d’égrenage de coton d’une capacité de 575 000 tonnes ; un parc de 150
véhicules et engins de manutention ; 3 unités industrielles de
transformation de la fibre de coton : COMATEX, BATEXCI et FITINA; 2 unités
industrielles (HUICOMA, FAMAB), assurent la transformation de la graine de
coton en huile, savon et aliment bétail. Les cinq
premières destinations du coton malien sont : la Chine, le Vietnam, la
Thaïlande, le Pakistan et l’Indonésie. S’agissant de
l’avenir de la CMDT, notamment de son processus de privatisation qui peine
à se concrétiser, l’ancien dirigeant de la CMDT, Tiénan COULIBALY se
voulait rassurant : « Selon le
schéma opérationnel de privatisation prévu au Mali, au lieu qu’il y
ait une seule société cotonnière,
la CMDT a été scindée en 4 grandes
sociétés qui seront à Koutiala, Fana, Kita et Sikasso. Il s’agira ensuite, pour la CMDT, de
vendre le capital qu’elle détient dans ses sociétés. La nouvelle
répartition du capital prévoit 20% pour les producteurs de coton, 2% aux
travailleurs, 17% à l’Etat et les 61%
restants seront cédés à un opérateur privé de référence qui sera
choisi par appel d’offres international. A ce sujet, un appel d’offres
international a été fait le 22 Février 2010. Un adjudicateur provisoire a
été désigné pour les filiales de Kita et Sikasso et des négociations sont
en cours avec cet adjudicateur provisoire, une société chinoise. »[20]
- Office du Niger : L’Office du Niger[21] est le plus ancien des périmètres irrigués de l’Afrique de l’Ouest,
et l’une des zones d’intérêt économique, social et agricole les plus
étendues de la sous-région. L’eau y est un don du ciel, et la terre, une
manne pour les populations et le développement de l’agriculture. Mais
après 70 ans d'existence, l’Office du Niger n’a pas encore atteint les
100 000 hectares aménagés. Avec une superficie d’un peu plus d’un
million d’hectares, l’Office du Niger a les atouts pour répondre aux
crises alimentaires qui touchent l’Afrique sub-saharienne. Grâce à une
exploitation optimale des terres, ce vaste périmètre agricole, suffirait
non seulement à combler les besoins du Mali en riz, mais aussi ceux de
toute la sous-région, sans nécessité d’importer. Aujourd’hui, ce sont
moins de 100 000 hectares, qui sont mis en valeur pour les activités de
riziculture, de maraîchage et de canne à sucre ;
- Elevage : Le cheptel
sur pied est estimé à 6,8 millions de bovins, 7,3 millions d’ovins,
8,3 millions de caprins, 79 000 équins, 1,2 million d’asins,
641 000 camelins, 65 000 porcins, ce qui place le Mali parmi les
principaux exportateurs en Afrique de l’Ouest. L’élevage
contribue pour 12% au PIB et se place ainsi au 3ème rang après l’or
et le coton en termes de contribution aux recettes d’exportation. Son
exploitation rationnelle peut rendre le pays largement excédentaire en
protéines animales et contribuer à l’augmentation des
productions agricoles grâce à la fumure organique et à l’utilisation
de la traction animale ;
- Pêche
: L’important
réseau hydrographique, les lacs, les mares et les retenues d’eau liées aux barrages
(Markala, Manantali, Sélingué, etc.) constituent d’importantes réserves de
ressources piscicoles dont le volume est estimé entre 100 000 et 200 000
tonnes de poissons frais par an selon l’amplitude
des crues et la durée des inondations. La filière pêche occupe depuis
longtemps une place prépondérante dans l’économie nationale sur les plans de la sécurité
alimentaire, de la création d’emplois
et de la participation à la richesse nationale. Sur la base d’une disponibilité
apparente de poisson de l’ordre
de 94 000 tonnes/an, la
consommation de poisson peut être estimée à environ 10,5 kg/an/hab, que l’on peut comparer à une
consommation de viande de l’ordre
de 7,8 kg/an/hab. En termes d’emplois,
l’activité dans le secteur de la pêche concerne directement près de 71 000
pêcheurs, regroupés en 32 800 ménages. Elle constitue par conséquent une
ressource vitale pour environ 256 400 personnes. Les principales zones de
pêche sont le Delta Central du Niger[22]
(environ 80% de la production totale), les lacs de Sélingué[23]
et de Manantali[24] ;
- Financement de l’agriculture : Le Mali
est un des rares pays qui consacrent plus de 10% de ses dépenses publiques
à l’Agriculture. Près de 250 projets et programmes dans le secteur rural
pour environ 1.187 milliards de Francs CFA d’investissements pluri-annuels
- 33 PTF (source CPS – Octobre 2010). Il est à noter la dispersion des
ressources humaines et financières, le manque de coordination et
d’harmonisation des approches. Il faut rappeler qu’en 2009 le Mali était le
quatrième Etat africain à tenir une table ronde du Programme National
d’Investissement Agricole (PNIA), après celles du Togo, de la Sierra Leone
et du Niger. L’agriculture
occupe une place importante dans l’offre alimentaire.
C’est ainsi que tout le dispositif de
sécurité alimentaire en termes d’offre repose sur
elle. En effet, le secteur agricole est financé, en moyenne entre
2002-2008, à hauteur de 95,7 milliards de FCFA, soit 79% pour les
investissements et de 27,1 milliards de FCFA, soit 21% pour les dépenses
ordinaires (personnel, fonctionnement, transfert). Le financement de ces
investissements se répartit en moyenne sur la période 2002-2008, entre le
financement national (14%) et le financement extérieur (86%), soit 82,2
milliards de FCFA. Sur la même période, les dépenses d’investissement
se répartissent en moyenne entre sous-secteurs comme suit : agriculture (88,1%),
élevage (5,3%), pêche (2,6%) et forêt (4%) ;
- Profil de sécurité
alimentaire : Depuis les années 1983-85,
aucune crise alimentaire majeure n’est survenue au Mali, mais le pays doit
faire face à une situation d’insécurité alimentaire chronique et de
vulnérabilité généralisée. La situation alimentaire s’est améliorée ces 20
dernières années grâce à une augmentation de la production céréalière, une
commercialisation plus fluide et un meilleur approvisionnement des marchés
urbains (DRN et al., 2004). Cependant, selon le Système d’Alerte Précoce
(SAP), la population connaît des difficultés alimentaires plus ou moins
sévères environ une année sur trois (PAM et al., 2006). Pendant les années
de bonne pluviométrie, la production nationale de céréales couvre
normalement les besoins de la population, et les importations (blé et riz
principalement) restent marginales. La pauvreté constitue aujourd’hui une
cause majeure d’insécurité alimentaire (UEMOA/FAO, 2002). Les revenus sont
très faibles et l’instabilité des prix est une contrainte supplémentaire
qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat de la population (DRN et al.,
2004) ;
- Précarité
du monde rural : La
grande faiblesse des revenus ruraux, reflétant celle des revenus
agricoles, limite drastiquement les capacités d’accumulation et
d’investissement autonome, même pour les catégories de ménages les plus riches.
La réponse aux défis ne pourra donc s’effectuer qu’avec des accompagnements
volontaristes fondés sur l’élaboration de stratégies et de cadres
d’actions à moyen et long terme. (Source : Etude réalisée par le
programme RuralStruc (2006-2008), http://web.worldbank.org).
Selon l’enquête ELIM 2010, le taux de pauvreté dans les
zones rurales est de 51%. L’activité agricole est dominée par
l’exploitation familiale dont la productivité reste faible à cause des
techniques culturales et du caractère extensif de l’élevage. Ces éléments démontrent la grande
vulnérabilité d’une grande partie de la population rurale et leur faible
niveau de capacité d’autofinancement. Cela justifie des appuis
significatifs (subventions, crédits à taux bonifiés) pour le financement
des moyens de production. (Source : Etude sur l’analyse de la
sécurité alimentaire et de la vulnérabilité au Mali de décembre 2005, PAM,
Unicef, Union Européenne, CSA) ;
- Situation alimentaire et nutritionnelle : Le régime alimentaire est basé majoritairement sur les céréales.
Cependant un changement sensible des modes de consommation en ville est à
noter. Il est essentiellement le fait du développement des échanges de
produits alimentaires dans la sous-région et de l’instauration de la
journée continue qui a favorisé une individualisation des repas au
détriment des repas collectifs familiaux. Les produits comme la pomme de
terre, les légumes, le pain, les pâtes, les bananes plantains, les
produits transformés à base de tubercules, sont de plus en plus consommés.
Au Mali, les adultes prennent en moyenne trois repas par jour, sauf dans
les régions du Nord où 40 à 50% des ménages prennent deux repas ou moins
(mode de vie nomade). En période de crise, principalement dans l’espace
Sahel, plateau Dogon, Delta central et cercle de Gao, une majorité des
ménages peut être amenée à réduire encore la fréquence des repas, jusqu’à
ne faire qu’un seul repas par jour (rapports DAG, PRMC). Il s’agit d’une
stratégie d’adaptation que l’on observe dans de nombreuses régions
sahéliennes. Le premier effet de la crise alimentaire est la malnutrition
qui touche en premier lieu les enfants et les femmes enceintes. Puisque le
consommateur n’est plus maître de ce qu’il mange, il n’est pas exclu qu’il
s’alimente avec des produits qui soient nocifs pour la santé : « ce qui le rend plus
vulnérable aux maladies endémiques et infectieuses » révèle un médecin. La prévalence de la malnutrition chronique est
plus élevée en milieu rural (37,9%) qu’en milieu urbain (23,5%) ; elle est
moins marquée pour la malnutrition aiguë : 12,2% en milieu urbain contre
13,3% en milieu rural. En 2006, selon les résultats de l’EDSM IV, 38% des
enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique, 15% de
malnutrition aiguë, situation qualifiée dans les deux cas d’élevée selon
la classification de l’OMS. Dans certaines classes d’âge, ces taux sont
encore supérieurs : la prévalence de la malnutrition chronique atteint
50,3% chez les enfants de 18-23 mois, alors que la prévalence de la
malnutrition aiguë atteint 25 à 37,5% chez les enfants de 9-11 et 12-17
mois. La situation nutritionnelle est donc très préoccupante. L’anémie est
également très répandue puisque 10% des enfants en sont atteints par la
forme sévère. Alors qu’encore, la situation en milieu rural est plus
dégradée qu’en milieu urbain, avec respectivement 12,1% et 4,4% d’enfants
atteints par la forme sévère d’anémie (EDSM -IV). Chez les femmes adultes,
3% sont affectées par cette forme sévère (EDSM -IV) ;
- Impact de la crise
politique et sécuritaire[25] :
L’agriculture a résisté à la crise pour trois raisons principales.
Premièrement, les grandes zones agricoles qui s’étendent sur les cinq
régions du sud se trouvent en dehors de la zone de conflit. Les régions de
Gao et de Tombouctou ont connu des perturbations de leur campagne
agricoles 2012-2013. Deuxièmement, la résistance de ce secteur est liée à
la nature de l’activité qui est en grande majorité de type familial
contrairement aux grandes entreprises agricoles qui sont plus vulnérables
à ce genre de crise à cause de l’importation des intrants, des techniques
et technologies sophistiquées. Troisièmement, l’Etat a pu assurer le
minimum de service en fournissant aux agriculteurs des intrants
subventionnés, il a également continué l’encadrement des paysans. A cela,
s’ajoute la bonne pluviométrie de la campagne agricole 2012-2013.
Selon l’Indice Ibrahim du secteur rural[26], le Mali
avec un score de 60,8/100 en 2011 occupe le 18ème rang (sur 52 pays
africains classés) derrière le Cap-Vert (1er), le Burkina Faso (5ème),
le Sénégal (9ème), la Côte d’Ivoire (29ème) en Afrique de
l’Ouest, et la Tunisie (3ème), l’Egypte (4ème), le Maroc
(8ème) au Maghreb.
Points de vigilance
Les experts du Plan national d’investissement
prioritaire dans le secteur agricole au Mali (PNIP-SA)[27]
ont identifié sept défis[28]
à relever pour faire de l’agriculture le moteur de la croissance
économique :
-
Défi
de la maîtrise des aléas climatiques (y compris les changements climatiques), des
catastrophes naturelles
(sécheresse, criquets, prédateurs, épizooties, etc.),et de la stabilisation des niveaux de production à travers les
aménagements hydroagricoles, les techniques de conservation des eaux et du sol,
la mise au point de variétés et d’itinéraires techniques adaptés aux
différentes zones de production, le respect du calendrier agricole, et
l’utilisation d’intrants et d’équipements agricoles appropriés à l’écologie des
zones et aux besoins des cultures pratiquées. Il s’agit du sous-équipement des
producteurs qui ont recours à des techniques traditionnelles de production, peu
intensives et fortement destructrices de ressources naturelles ;
-
Défi
de l’amélioration des infrastructures (routes, pistes rurales) pour une
meilleure connexion de l’offre et de la demande en produits (productions
animale et végétale). Il s’agit de remédier à l’enclavement intérieur et
extérieur et à la grande étendue du pays ;
-
Défi
de la gestion des surplus de production (infrastructures de stockage, transformation) ;
-
Défi
de l’organisation des acteurs dont le
niveau est encore faible avec très peu de coopératives et de leaders peu formés.
En cause, les faibles moyens des organisations paysannes ;
-
Défi
de la gestion des risques dans le secteur agricole avec la mise en place d’un fonds national d’appui à
l’agriculture ;
-
Défi
de la mobilisation au profit du secteur, de ressources financières pérennes. Il s’agit de parer à la faiblesse des
investissements publics et privés dans la production agricole et l’inadaptation
des systèmes de financement du secteur primaire ;
-
Défi
d’une gestion durable des ressources naturelles.
Propositions
Objectif : Faire du Mali une puissance agricole à l’horizon 2030
1- Plan
Mali Emergence Verte (PMEV) : Nous proposons une nouvelle stratégie
agricole nationale basée sur le Plan Mali Emergence Verte (PMEV) destiné à faire
du Mali une puissance agricole à l’horizon 2030. Un objectif
ambitieux et réaliste qui peut être réalisé grâce à ses énormes potentialités
humaines, en eaux et en terres. A terme, le PMEV doit toucher 18 millions de
maliens qui tirent leurs revenus du secteur agricole et mobiliser une enveloppe
financière de 6 400
milliards de francs CFA.
Il
s’inspire des expériences réussies – ou en voie de l’être – sur le continent[29],
principalement le Plan Maroc Vert (PMV)[30].
Le PMEV, en
insufflant une nouvelle dynamique dans le secteur agricole, apporte une réponse
globale, cohérente et structurée face aux multiples défis auxquels le monde
rural est exposé. Il replace le secteur agricole au centre de l’économie en tant
que moteur de la croissance. A travers une politique agricole volontariste et
intensive, il harmonise les
interventions (conception, mise en œuvre, suivi-évaluation), fédère les
ressources et les activités des programmes et projets existants ou en gestation[31] et crée de la synergie
avec les autres composantes de la politique publique. Il
prend en compte dans les prévisions les aléas climatiques et l’évolution de
l’environnement national et international. Le PMEV s’adresse à l’ensemble des acteurs du
monde agricole dans leur diversité et leurs contraintes socio-économiques
propres, en leur fournissant les moyens et l’assistance nécessaires pour
réussir cette mutation majeure de l’histoire agricole du Mali. Aucune filière
végétale ou animale n’est exclue. Le PMEV s’appuie pour cela sur des moyens
adaptés à chaque filière, les plus performantes comme les plus fragiles.
Le PMEV repose sur deux
piliers essentiels : l’agriculture moderne (Pilier I) et l’agriculture solidaire
(Pilier II). L’objectif, concernant l’agriculture moderne, est de développer
une agriculture performante, adaptée aux règles du marché, grâce à une nouvelle
vague d’investissements privés, organisés autour de nouveaux modèles
d’agrégation équitables. Une agriculture moderne à forte valeur ajoutée :
L’objectif du Pilier I du PMEV est le développement accéléré de l’agriculture à
forte valeur ajoutée et à forte productivité. Il s’agit de faire du
paysan un entrepreneur agricole. Quant au Pilier II, l’objectif de
l’agriculture solidaire est de développer une approche orientée vers la lutte
contre la pauvreté, en augmentant de manière significative le revenu agricole
de tous les exploitants y compris les plus fragiles. Il s’agit
aussi de moderniser les exploitations agricoles familiales.
Parmi les impacts
attendus de cette nouvelle stratégie agricole, on citera :
-
La
modernisation, la mécanisation et l’intensification de l’agriculture à travers la
mise en œuvre d’importants moyens financiers, institutionnels et managériaux ;
-
L’agriculture
sera le principal moteur de croissance de l’économie nationale sur les 20
prochaines années avec une contribution de 60% à la richesse nationale (contre
40% actuellement) et autant dans les recettes d’exportation du pays ;
-
Réduire
le déficit de la Balance commerciale par une diminution des importations de
céréales, une augmentation des exportations de coton et de céréales et un
accroissement des recettes d’exportation en devises ;
-
Relever le
défi de la souveraineté alimentaire et par-là, assurer la sécurité
alimentaire de toute la population malienne ;
-
La promotion
de l’emploi dans le Secteur agricole par la création de 50 000
exploitations agricoles par an soit 500 000 emplois à travers
principalement le projet « La Terre ne ment pas ». A terme ce sont 8
millions de personnes qui seront concernées ;
-
Une
lutte contre la pauvreté plus efficace et à plus grande échelle – à la fois
dans les zones rurales, mais aussi dans le périurbain défavorisé à travers des prix
plus rémunérateurs à la production, un accès plus facile au crédit agricole et
aux services sociaux essentiels;
-
Une
nette amélioration du pouvoir d’achat et du rapport qualité/prix pour le
consommateur malien à travers l’initiative « 3M » (les Maliens
Mangent Mieux);
Le PMEV prévoit, dans
le cadre de son Pilier I, un accompagnement solidaire de la petite agriculture
(exploitations avec moins de 10 ha). A l’horizon 2030, la cible concernera 70%
des exploitations agricoles soit environ 1 120 000 (dont 560 000
exploitations adressées au démarrage du Plan). In fine, 11 millions de ruraux
devraient voir leurs conditions de vie améliorées. Une structure d’appui aux
projets de reconversion (5% des petites exploitations), d’intensification (15% des exploitations) et
aux projets de diversification (15% des exploitations). A terme, le pilier II
devrait concerner 480 000 exploitants dans un cadre incitatif innovant
(subventions ciblées, fiscalité aménagée, subventions des formations) avec un
accès préférentiel au foncier, au financement (agrégateurs et agrégés) et aux
avantages de l’interprofessionnel (export et logistique, gestion de la qualité,
recherche & développement).
Cette agriculture
moderne et solidaire prônée à travers les deux piliers du PMEV, se décline à
travers deux instruments clés :
-
Le programme « La Terre ne ment
pas »[32] par
l’installation de 50 000 exploitations agricoles par an pour la période
s’étalant jusqu’en 2030.
L’objectif est de favoriser le retour à la terre et de résorber en partie
l’épineux problème du chômage des jeunes.
-
Le programme « Les Maliens Nourrissent les
Maliens »[33] : L’objectif est de booster la production céréalière locale pour
assurer une autosuffisance, et réduire par conséquent les importations en les
limitant au strict minimum d’appoint.
-
L’initiative « 3M » (Les Maliens Mangent Mieux) : L’objectif est d’assurer aux
populations maliennes trois repas par jour, équilibrés et accessibles à leur
bourse. L’Etat veillera à la maîtrise de la qualité et du prix des céréales de
base (riz, mil, maïs).
De façon spécifique,
les résultats attendus du PMEV se présentent ainsi :
-
Doublement
des exploitations agricoles : Porter à 1 600 000 le nombre d’exploitations
agricoles à l’horizon 2030 à raison d’une cadence annuelle de 50 000 unités
(avec en moyenne une dotation foncière de 10 ha par unité).
-
Surfaces
cultivées : A terme, porter les terres cultivées à 11 millions d’ha soit
environ 30% du potentiel (au lieu de 7% actuellement). Porter les terres
irriguées à 1,4 millions d’ha (au lieu de 383 000 ha actuellement) suivant un
rythme annuel de 50 000 ha les six premières années. La cadence sera portée à
75 000 ha sur les dix années suivantes. Cet effort sera réalisé par une
politique de maîtrise de l’eau avec la construction d’infrastructures adéquates
(barrages, bassins de retenue, puits, forages,…).
-
Faire
appliquer les dispositions de la LOA, notamment en assurant l’effectivité de la
création des structures d’encadrement et de financement.
-
Elevage
: Relever la contribution du sous-secteur de l’élevage à 20% dans la formation
du PIB (au lieu de 12% actuellement). Favoriser la construction de grosses
usines d’aliments bétails (tourteaux) à l’aval des usines d’égrenage du coton.
-
Pêche
: Porter le nombre de pêcheurs à 100 000 au lieu de 71 000 actuellement.
-
Mécanisation
de l’agriculture : A l’horizon 2030, éradiquer la pratique du labour manuel
(représentant actuellement 17% de la surface cultivée), réduire le labour
attelé (de 72% à 60%) et renforcer intensivement le labour motorisé (de 1% à
40%). Cette modernisation des équipements doit se faire progressivement en
tenant compte du rythme des investissements programmés. L’objectif visé est de
substituer l’agriculture commerciale à l’agriculture de subsistance.
-
Céréales
: porter les emblavures à 6 millions d’ha (au lieu de 4 millions d’ha
actuellement). La production céréalière attendue en 2030 serait de 62 millions
de tonnes. Cet objectif est réaliste. Il se base sur un taux de progression de
15% l’an (ces dernières années la production céréalière a augmenté à un rythme
annuel de 12 à 14%). Il sera atteint si tout le dispositif prévu par le PMEV
est réalisé.
-
Coton
: porter les exploitations agricoles dédiées à la culture du coton à 500 000
(au lieu de 300 000) soit un peu plus de 31% du volume global. Grâce à l’extension
de la superficie cultivée, de l’enrichissement des sols, de l’augmentation du
nombre des producteurs et de la modernisation de la mécanisation, la production
de coton graine devrait atteindre 1,5 million de tonnes à l’horizon 2030 (avec
l’objectif de 1 million de tonnes en 2020)[34] faisant du Mali le
premier producteur africain du coton (position que le pays a eu à occuper en
2003).
-
Financement
: Porter la part du secteur agricole à 15% du Budget National (contre 10%
actuellement) pour les dépenses courantes et l’investissement, dont 10% sera
consacrée à l’élevage (au lieu de 5,3% actuellement). Le volet bancaire du
financement bancaire sera détaillé dans le chapitre « B » consacré
aux banques. Les programmes de crédit destinés aux petits agriculteurs doivent
notamment tenir compte du cycle agricole et offrir des plans de remboursement
flexibles en fonction des liquidités dont disposent les petits agriculteurs.
Coût du PMEV[35] : Le Plan Mali Emergence Verte (PMEV), pour sa réalisation, nécessitera une enveloppe
financière de 6 400 milliards de francs CFA (environ 10 milliards d’euros)
sur 16 ans (échéance : 2030). Il requiert donc une nouvelle vague d’investissement
massif de l’ordre de 400 milliards de francs CFA par an, mobilisable suivant le
schéma suivant : 100 milliards sur les ressources budgétaires de l’Etat,
100 milliards de francs CFA auprès du système bancaire et 200 milliards de
francs CFA auprès des PTF et investisseurs étrangers (par exemple dans le cadre
du partenariat public/privé). Ces dispositions pourront être opérantes dans le
cadre de la LOA à travers la mise en route du Fonds National pour le développement agricole (FONDA).
La bonne
réussite du PMEV requiert la prise de mesures supplémentaires :
2-
Rationalisation
des structures d’encadrement et de pilotage des projets : Réunir les
différents offices sous une seule et même structure qui pourrait être dénommée
« Office du Développement Agricole ». Les autres Offices seront
transformés en Pôles de développement agricole. L’objectif
est d’assurer un suivi de la feuille de route du PMEV dans les domaines de sa
compétence, de garantir une cohérence et une gestion saine des programmes et
projets, de mieux coordonner les investissements, de mutualiser les moyens dans le cadre des synergies de coût et d’assurer
la disponibilité et l’accessibilité d’une information pertinente, fiable et
régulière sur le secteur d’activités.
3-
Utilisation judicieuse
et transparente des fonds des projets agricoles : Dans le budget de
certains projets de développement, plus de la moitié des fonds mobilisés sont
destinés aux frais d’administration (salaires, frais de consultants,
prestataires, experts, assistance technique, etc.) et seulement une infime
partie est affectée à la cible adressée. Inverser la tendance à travers une
décision gouvernementale qui consacre l’allocation d’au moins 80% des
ressources mobilisées et utilisées du projet aux bénéficiaires concernés. Les
charges de fonctionnement des projets seront plafonnées à 20%.
4-
Formation du monde paysan :
La modernisation de l’agriculture préconisée dans le PMEV nécessite plus
d’emphase sur la formation différents acteurs intervenant dans le secteur
agricole, dont les agriculteurs et les porteurs de projets agricoles dans la
maîtrise des équipements et des nouvelles techniques culturales, ainsi que les
cadres et les techniciens pour l’encadrement.
5- Structures de recherches et de développement : Renforcer leurs
moyens par des ressources qualifiées et suffisantes. L’objectif est d’assurer
un encadrement efficace et soutenu des paysans en vue de l’introduction de
nouvelles techniques culturales et de la vulgarisation des meilleures
pratiques.
Conclusion :
Au Mali, quand l’agriculture éternue, l’économie tousse ;
et quand l’agriculture tousse, l’économie est fievreuse. Et inversemment, quand
le monde rural se porte bien, ce sont tous les pans de l’activité économique et
sociale qui en ressentent les effets bénéfiques. C’est dire que les performances,
actuelles et futures, de l’économie malienne
dépendent en grande partie de celles de son secteur agricole. Celui-ci a la
lourde responsabilité d’assurer la sécurité alimentaire des 15 millions de maliens d’aujourd’hui et, aussi
celle d’une population qui doublera en 2030. Il s’agit là d’une priorité
nationale, indispensable au développement et à la stabilité économique et
sociale du pays.
Notre ambition est de réaliser le passage du Mali du statut de pays
agricole pauvre à celui de puissance agricole émergente, à l’horizon 2030 grâce
à une volonté politique forte, une mobilisation exceptionnelle de sa population
et des sources de financement internes et externes. Et ce faisant, d’accomplir le rêve formé en
1934 de faire
du Mali « le grenier de l’Afrique ».
[1]
- Damase POTVIN est un
écrivain et journaliste québécois né le 16 octobre 1882 à Bagotville et mort en 1964. Il
organise en 1938 le Club des journalistes de Québec. Son œuvre (une trentaine
de livres) est principalement axée sur le terroir et le retour à la terre. La
citation en incipit est extraite de « Restons Chez Nous, Québec,
Guay, 1908.».
[2]
- L’agriculture (ou le secteur agricole) s’entend ici
au sens large, comme définit dans la Loi d’orientation agricole (LOA), article
2 : «(…) l'agriculture,
l'élevage, la pêche et la pisciculture, l'aquaculture, l'apiculture, la chasse,
la foresterie, la cueillette, la transformation, le transport, le commerce, la
distribution et d'autres services agricoles, ainsi que leurs fonctions sociales
et environnementales. » (Source : Loi n° 0640/AN-RM du 16 août
2006 portant loi d’orientation agricole du Mali).
[3] - Mali, Cellule
Nationale CEDEAO, Plan National d’Investissement Prioritaire dans le Secteur Agricole
au Mali- 2011-2015, Rapport PNIP-SA, août 2010.
[4] - Observatoire du Développement Humain
Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP) & Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD), Rapport national sur le développement
humain durable, Edition 2010 : Crise
alimentaire : enjeux et opportunités pour le développement du secteur agricole,
Mars 2010.
[5] - Le territoire du Mali a connu une
période de bonne pluviométrie jusqu’en 1967, prolongeant celle des années 1950. A partir de 1968, le pays
a connu plusieurs périodes de sécheresse plus ou moins sévères, celles de
1972-1973 et 1986-1987 ont eu l’ampleur de véritables catastrophes naturelles.
(Source : Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la
Pauvreté (ODHD/LP) & Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), Rapport national sur le développement humain durable, Edition 2010 :
Crise alimentaire : enjeux et opportunités pour le développement du secteur
agricole, Mars 2010).
[6] -
Source : Le portail agricole du Crédit agricole du Maroc,
http://www.fellah-trade.com/fr/info-filiere/actualites-maroc/article?id=3082.
[7] - Le potentiel irrigable des zones
agro-écologiques se présente comme suit : Office du Niger : 1 105 000 ha sur
lesquels moins de 100 000 ha sont aménagés ; zone Mali Sud et Mali Ouest :
les superficies inondables en bas-fonds et en petites plaines sont estimées à
près de 300 000 ha ; zone Mali Ouest
(région CMDT de Kita) : un recensement non exhaustif évalue le potentiel à
environ 9 000 ha (7 640 ha de plaines et 1 370 ha de bas-fonds) ; zone nord-ouest (Kayes) : le potentiel est
estimé à 51 000 ha (vallée du fleuve Sénégal en aval du barrage de Manantali :
15 000 ha, la vallée de la Falémé : 6 000 ha, le système Térékolé-Kolimbiné :
30 000 ha). Ce potentiel est presque inexploité ; zone Mali Centre : le
potentiel réparti entre les vastes plaines inondables le long du fleuve Niger
et de ses affluents (Sankarani et Bani) et la zone de Sélingué est évalué à 60
000 ha ; zone Mali Nord (vallée du fleuve Niger de Mopti à Gao) : le potentiel
est estimé à environ 1 000 000 ha ; zones irrigables de la région de Kidal : il
s’agit des oasis et des zones inondables le long des oueds dont le potentiel
est estimé à 1 000 ha. (Source : Ministère du Développement Rural et de l’Eau, Programme d’investissement dans le domaine
des aménagements hydrauliques, 1999).
[8] - Source : site institutionnel du Département de l'Eau
du Ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement du Maroc,
http://www.water.gov.ma
[9] - La Loi
d'Orientation Agricole couvre l'ensemble des activités économiques du secteur
Agricole et péri-Agricole notamment l'agriculture, l'élevage, la pêche et la
pisciculture, l'aquaculture, l'apiculture, la chasse, la foresterie, la
cueillette, la transformation, le transport, le commerce, la distribution et
d'autres services Agricoles, ainsi que leurs fonctions sociales et
environnementales. Elle vise à garantir la souveraineté alimentaire et à faire
du secteur Agricole le moteur de l'économie nationale en vue d'assurer le
bien-être des populations. Pour favoriser l'émergence
d'un secteur agro-industriel structuré, compétitif et intégré dans
l'économie sous-régionale.
[10] - Objectif spécifique N°1 du CSCRP : «
accroître la production agro-sylvo-pastorale et soutenir l’émergence
d’agro-industries».
[11] - Le Programme alimentaire mondial (PAM) prévoit
toutefois que plus d'un million de personnes au Mali auront besoin d'une aide
alimentaire cette année. (Source : MAP, Mali
: la production céréalière s'élève à 6,67 millions tonnes au titre de la
campagne agricole 2012-2013, http://www.menara.ma, 01 avril 2013).
[12] - Ces exploitations agricoles sont de petites unités familiales de production en subsistance
(sauf Office du Niger et péri-urbain) dont 70% moins de 5ha ; 85% moins de
10ha, sous-équipées, peu voire pas utilisatrices d’intrants avec un niveau de productivité
faible et stagnant.
[13] - S. Y. WAGUE, Campagne agricole 2012-2013 : Un léger mieux, malgré l’insécurité au
Nord, journal L’essor du 13 Février 2013, http://www.primature.gov.ml/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&id=14&Itemid=100094.
[14] - Source : MAP, Mali
: la production céréalière s'élève à 6,67 millions tonnes au titre de la
campagne agricole 2012-2013, http://www.menara.ma, 01 avril 2013.
[15] - Source : Boubacar Diakité SARR, Développement de
la filière coton : 800 000 tonnes de coton graines d’ici 2018, Journal Les
Echos du 16 avril 2013,
http://maliactu.net/developpement-de-la-filiere-coton-800-000-tonnes-de-coton-graines-dici-2018/).
[16] - Le Burkina Faso avec une production estimée à 630 000
tonnes de coton graine au cours de la campagne 2012-2013 a ravi la 1ère place
des pays producteurs de coton en Afrique. (Source : Wendyida Germaine KERE, Campagne cotonnière 2012-2013: Le Burkina
Faso premier en Afrique,
http://burkina24.com/news/2013/04/campagne-cotonniere-2012-2013-le-burkina-faso-premier-en-afrique/,
11 avril 2013).
[17] - Sources: http://www.cmdt.ml/
; www.lesafriques.com
[18] - Source : Banque
Mondiale, Recommandations visant à
renforcer le programme anti-corruption au Mali, La Réforme du secteur public et renforcement des
capacités, Région Afrique, Banque Mondiale,
http://www1.worldbank.org/publicsector/anticorrupt/MaliwebAnti.pdf.
[19] - Source : R-J LIQUE, Mali, Le coton, le supplice de Tantale, http://www.afrique-express.com/afrique/mali/coton-mali.html
[20] - Source : N Dicko et Gerald Dackouo, Tiéman
Coulibaly, PDG de la Cmdt : «La Cmdt est
bien de retour. Avec la production de 430.000 tonnes de coton graine, le plan
de campagne est à la hausse …», journal Le Prétoire du 27
février 2012,
https://www.maliweb.net/news/interview/2012/02/27/article,50698.html.
[21] - En termes d’installations techniques,
le pont barrage de Markala, situé à 30 km de Ségou (4è région économique du
Mali) permet de relever le niveau du fleuve Niger de 5 m au-dessus du niveau
normal. Il a été construit en 1934 et grâce à ses multiples canaux
d’irrigations (le canal du Macina, le canal du Sahel, le Canal
Costes-Ongoïba...) et ouvrages de drainage, disséminés dans toute la région,
l’eau est acheminée dans les rizières. En période d’hivernage, le barrage peut
libérer jusqu’ à plus de 2000 m3 cubes d’eau par seconde. Malgré tout, son
potentiel hydraulique reste sous-exploité. (Source : Observatoire du
Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP) &
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Rapport national sur
le développement humain durable, Edition 2010 : Crise alimentaire : enjeux et opportunités pour le
développement du secteur agricole, Mars 2010).
[22] - Le Delta
Central du Niger est une vaste plaine alluviale s'étendant entre Markala et
Tombouctou. Les crues du Niger et du Baní l'inondent dans des proportions
variables selon les conditions hydro-climatiques. A Mopti, lieu de confluence
du Niger et du Baní, le maximum de la crue annuelle se situe en octobre, alors
que le plus fort de l'étiage a lieu en mai. En année de crue forte ou moyenne,
les plaines d'inondation peuvent couvrir une superficie excédant 20 000km².
Plus de 130 espèces de poissons ont été recensées dans les eaux de la partie
moyenne du Niger.
[23] - Le lac de Sélingué est un lac de barrage construit
dans la vallée du Sankarani, à 140km à l'est de Bamako. Sa mise en eau date de 1980.
Le barrage est à vocation hydro-électrique mais sert également depuis peu à
l'irrigation de zones agricoles. Sa cote maximale est de 348,5 m, ce qui
correspond à une surface de 409 km² pour un volume de 2,2 milliards de m3
d'eau. A cette cote d'eau, le lac s'étend sur près de 80 km dans les vallées du
Sankarani et du Ouassoulou Balé, la profondeur n'excédant pas 20 m.
[24] - Le lac de Manantali est un lac de
barrage international construit dans la vallée du Bafing, considéré comme la
branche-mère du fleuve Sénégal. Son exploitation est gérée par l'Organisation
pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). Sa cote normale d'exploitation
est fixée à 208 m, pour un volume de 11 milliards m3 et une superficie de près
de 500 km². Le lac s'étend sur 80 km de long pour une largeur moyenne de 6 km.
Sa profondeur moyenne est de 20,8 m, soit près de quatre fois plus qu'à
Sélingué, avec des profondeurs maximales pouvant atteindre 50 m à proximité du
barrage.
[25] - Source : Observatoire du Développement
Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté, Effets économiques et financiers de la crise politique et sécuritaire
2012 au Mali: analyse de la situation et énoncé de mesures conservatoires,
Rapport Final, Février 2013.
[26] - Mo Ibrahim
Foundation, 2012 Ibrahim Index of African
Governance (IIAG), Rapport annuel, octobre 2012.
[27] - Rapport PNIP-SA, Plan
national d’investissement prioritaire dans le secteur agricole au Mali
2011-2015, Mali, Cellule Nationale CEDEAO, Août 2010.
[28] - Malgré ces objectifs ambitieux, le Mali reste confronté
aux grands défis d’ordre climatique, en témoigne la dégradation des ressources
forestières et la disparition de certaines espèces végétales et animales qui
pénalisent la diversité biologique du pays. Cette situation inquiétante est le
résultat d’une demande en terres forestières (plus de 500 000 ha/an) pour la
production agricole, la persistance des systèmes de production extensifs peu
productifs et l’insuffisance des actions de protection, de restauration, de
développement et d’utilisation rationnelle des ressources forestières, rappelle
un analyste. (Source : MDD, 5è session du Conseil Supérieur de l’Agriculture :
10 millions de tonnes de céréales annuelles à l’horizon 2012, Journal L'Essor -
09/05/2011). Malgré ces efforts entrepris pour relever le pari de la production
des céréales, le pays demeure confronté à d'autres défis liés notamment à la
commercialisation, la transformation, la recherche, le contrôle des flux de
céréales vers les pays voisins et l'adaptation aux effets des changements
climatiques, selon le directeur national de l'agriculture, Daniel Siméon
Kéléma. (Source : MAP, Mali : la production céréalière s'élève à 6,67 millions
tonnes au titre de la campagne agricole 2012-2013, http://www.menara.ma, 01
avril 2013).
[29] - Suivant l’Indice Ibrahim du secteur rural, certains pays africains ont
réussi un boom spectaculaire de leur agriculture. Il s’agit de la Tunisie (3ème
depuis plus de 10 ans), l’Ouganda (12ème actuellement et qui a été
plusieurs fois 1er), le Burkina Faso (qui a gagné huit places depuis
2000 en se hissant à la 5ème place), le Maroc (du 20ème
au 8ème rang entre 2000 et 2011) et Maurice (de la 22ème
à la 2ème place durant la période). (Source: Mo Ibrahim Foundation,
2012 Ibrahim Index of African Governance
(IIAG), Rapport annuel, octobre 2012).
[30] - Le Plan Maroc Vert, adopté en 2008, contribuera au PIB
à hauteur de 174 milliards de dirhams, à créer 1 150 000 emplois à l’horizon
2020 et à tripler le revenu de près de 3 000 000 de personnes du monde rural.
Il faut rappeler que le secteur agricole marocain contribue actuellement à
hauteur de 19% du PIB national, partagé entre agriculture (15%) et
agro-industrie (4%). Ce secteur emploie plus de 4 millions de personnes dont
environ 100 000 dans l'agro-industrie. (Source : http://www.invest.gov.ma/?Id=25&lang=fr&RefCat=5&Ref=148).
[31] - Le Pacte ECOWAP/PDDAA du Mali pour
soutenir la mise en œuvre de la loi d’orientation agricole (LOA) a également
consacré le Programme National d’Investissement du Secteur Agricole (PNISA)
comme cadre unique et de référence de planification. Le PNISA est le Programme
National au Mali (fonds nationaux ou extérieurs) pour le secteur Agricole au
sens large, prenant en compte les besoins (fonctionnement et investissement), les acquis, les gaps à rechercher
pour l’investissement et le fonctionnement du secteur pour un horizon de 10 ans
glissants. Il fédère l’ensemble des projets et programmes en cours et en
perspective dans le secteur. La formulation de la Politique de Développement
Agricole (PDA) et du PNISA comme cadre de référence intègre le processus PDDAA
ainsi que les principes et objectifs de ses quatre piliers, à savoir : Pilier 1
: accroitre de façon durable les superficies cultivées et desservies par des
systèmes fiables de maîtrise de l’eau ; Pilier 2 : améliorer les
infrastructures rurales et les capacités commerciales pour faciliter l’accès
aux marchés ; Pilier 3 : augmenter les approvisionnements alimentaires, réduire
la faim, améliorer les réponses en cas d’urgence alimentaire ; Pilier 4 : améliorer
la recherche agricole, la diffusion et l’adoption des technologies. Dans le
cadre des engagements pour l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le
Développement(OMD), notamment l’OMD 1, le présent Plan National
d’Investissement Prioritaire du Secteur Agricole (PNIP-SA) a retenu une
programmation quinquennale (2011-2015) du développement de cinq principales
filières. Le Plan National d’Investissement Prioritaire dans le secteur
agricole (PNIP-SA) couvre cinq programmes et six filières (Maïs, riz,
mil/sorgho, bétail viande, lait, pêche/aquaculture) structurés. Le PNIP-SA vise
à assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations. Il
contribue ainsi à l’atteinte de la souveraineté alimentaire du pays en vue
d’assurer le bienêtre des populations conformément aux prescriptions de la LOA
du Mali et des orientations de la politique agricole de la CEDEAO. Le coût du PNIP-SA est
évalué à 358,845 milliards de francs CFA soit des investissements d’un montant
de 71,7 milliards de FCFA à consacrer annuellement au secteur développement
rural. Le PNIP-SA vise à réaliser un taux de croissance de 6% dans le secteur
Agricole à l’horizon 2015. (Source : Rapport PNIP-SA, Plan national
d’investissement prioritaire dans le secteur agricole au Mali 2011-2015,
Mali, Cellule Nationale CEDEAO, Août 2010.)
[32]
- « La Terre ne ment pas » est littéralement traduit de l’expression
bambara « Dougoumakolo te galontiguè », expression très répandue dans
le monde paysan qui constitue presque sa devise.
[33]
- Cette formule s’inspire de l’initiative
« 3N » (Les Nigériens Nourrissent les Nigériens) mise en place en
avril 2011 par les nouvelles autorités nigériennes. Son coût couplé à celui du
« Programme de Renaissance » se chiffre à 6 000 milliards de
francs CFA sous le quinquennat. Il s’agit de la sécurité alimentaire qui est
une composante de la souveraineté alimentaire. Au Mali, l’objectif global de la politique de
sécurité alimentaire est d’assurer
à tout moment un accès
physique et économique de chaque malien où qu’il se trouve à une nourriture
suffisante saine et nutritive
lui permettant de satisfaire ses besoins énergétiques et ses préférences
alimentaires pour mener une
vie saine et active. C’est pourquoi, il a été créé en
2004, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) qui a pour mission d’élaborer et d’assurer la mise en œuvre de la
politique nationale de sécurité alimentaire.
(Source : Observatoire
du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP)
& Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Rapport
national sur le développement humain durable, Edition 2010 : Crise alimentaire : enjeux et opportunités pour le
développement du secteur agricole, Mars 2010).
[34] - Le programme quinquennal stratégique de développement
de la filière coton (2013-2018) se fixe comme objectif de produire 800 000
tonnes de coton graines d’ici l’horizon 2018 selon le président directeur
général de la Compagnie malienne pour le développement des textiles, (CMDT)
holding, Salif Abdoulaye CISSOKO. Pour le président de l’Assemblée permanente
des chambres d’agriculture, Bakary TOGOLA s’est interrogé : « Cette année, le
Burkina a programmé 730.000 tonnes et pourquoi pas plus de 800.000 tonnes de
coton graine pour le Mali ». Les grands axes du programme quinquennal 2013-2018
sont le développement de la production cotonnière et céréalière pour atteindre
800 000 tonnes de coton graines et 3 000 000 de tonnes de céréales sèches par
environ 204 000 exploitations agricoles à l’horizon 2017/2018. (Source :
Boubacar Diakité SARR, Développement de
la Filière coton : 800 000 tonnes de coton graines d’ici 2018, http://maliactu.net/developpement-de-la-filiere-coton-800-000-tonnes-de-coton-graines-dici-2018/,
Journal Les Echos du 16 avril 2013).
[35] - A titre d’exemple, le financement du
Plan Maroc Vert (PMV) nécessite un financement global (public et privé) pour
ses deux piliers d’un montant maximum de 170 milliards de dirhams (environ 9
350 milliards de francs CFA) sur la période 2008-2020. (Source : Ministère de l’Agriculture et des Pêches Maritimes du Maroc, le Plan
Maroc vert, Présentation Générale, http://www.invest.gov.ma/?Id=25&lang=fr&RefCat=5&Ref=148).
Pour le Sénégal, le Plan National d’Investissement Agricole (PNIA) avait été
évalué à 2 015 milliards dont 81 % sont des investissements, soit, 1 632
milliards de francs CFA sur la période 2011-2015 (Source : République du
Sénégal & CEDEAO, Processus de mise en œuvre de l’ECOWAP/PDDAA, Programme national d’investissement agricole
(PNIA), Plan d’investissement 2011-2015).
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