Michel ROCARD[1]
Alors que l’économie malienne déjà vulnérable aux chocs
énergétique et alimentaire peinait à se redresser, le pays a dû faire face en
2012 à une double crise politico-sécuritaire avec des conséquences humanitaires
et économiques catastrophiques, exacerbées par l’effondrement des concours
extérieurs, principale source de financement des politiques publiques. Pour la
première fois, depuis 2000, l’activité économique au Mali s’est contractée avec
un taux de croissance négatif de 1,5% en 2012.
Pour autant, les perspectives économiques du Mali, fortement
tributaires de l’évolution de la situation interne et des bonnes intentions des
Partenaires Techniques et Financiers (PTF), s’annoncent promotteuses. Elles confirmeraient
un début de résilience[4] de
l’économie malienne et aussi de la justesse des mesures[5] prises
par les autorités de la Transition pour sauver la situation économique[6]. Ainsi, la
croissance devrait être de retour dès 2013 en se situant autour de 5%.
Etat des lieux
La situation économique du Mali que nous présentons ici se
focalise sur le cadre macro-économique, à travers ses quatre principales
composantes : la croissance, le budget, la balance de paiements, la monnaie et
l’inflation. Les secteurs de production sont abordés et développés dans les
autres chapitres de cet ouvrage.
La présente présentation est, principalement, extraite des
conclusions du « Mali Economic Update
», rapport de janvier 2013 de la Banque mondiale[7] sur l’économie malienne et du rapport d’analyse de l’Observatoire
du Développement Humain Durable, et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP)[8] sur les effets de la crise politico-sécuritaire.
Au regard de la mobilisation exceptionnelle et historique de
la communauté internationale lors de la conférence des donateurs pour le
développement du Mali, tenue le 15 mai 2013 à Bruxelles (siège de la Commission
Européenne en Belgique), un focus est fait sur l’évènement et son
document-cadre, le Plan de relance durable du Mali (PRED).
- Croissance :
Au cours
de la décennie écoulée, le Mali a connu un rythme de croissance économique
appréciable. Entre 2000 et 2010, le PIB a cru au taux annuel moyen de
5,7%. Le taux de croissance a été volatile au début de la période mais
s’est stabilisé à environ 5% entre 2005 et 2010. Cette performance a été
soutenue par des facteurs exogènes, notamment une bonne pluviométrie et
des termes de l’échange globalement favorables. Elle résultait également
de facteurs endogènes, entre autres la stabilité politique et une bonne
gestion macroéconomique, qui ont permis un financement de l’investissement par
des ressources extérieures. En 2011, la croissance a ralenti à 2,7 % du fait
d’une mauvaise pluviométrie. En 2012, les plus récentes estimations
tablent sur une contraction du PIB réel de 1,5 %, en relation avec les
tensions d’ordre politique et sécuritaire. Les secteurs les plus affectés
par la crise seraient dans le domaine tertiaire, en particulier dans le
tourisme et l’hôtellerie. Dans le secteur secondaire, la contraction du BTP
(-20%), lié à la baisse des investissements publics et privés, serait
contrebalancé par une bonne tenue de la production minière (+7,5%). Enfin,
le secteur primaire (+8%) profiterait du rebond spectaculaire de la
production agricole (+13%). Ainsi, l’impact négatif de la situation
d’instabilité politique sur l’activité économique en 2012 serait atténué
par la bonne performance des
sous-secteurs agricole et aurifère. Il convient, en outre, de relever une
résilience appréciable du cadre macroéconomique.
- Politique budgétaire[9] : L'exécution du budget de 2012 a été affectée par
l’instabilité politique et la récession économique. Malgré la crise[10], le niveau des recettes totales est
attendu en légère hausse en 2012 par rapport à 2011. En revanche, les dons
baisseraient de près de 90%. Par conséquent, le total des recettes et dons
devrait diminuer de 17 % en termes réels en 2012 par rapport à 2011. En
outre, les opportunités de financement ont été sensiblement réduites, avec
une baisse de 93 % du financement extérieur net (représentant 2,5 points
de pourcentage du PIB). En conséquence, le déficit budgétaire global devrait
passer de 3,8 % du PIB en 2011 à 2,5 % du PIB en 2012. Avec un financement
limité, les dépenses publiques ont été sensiblement réduites. Les dépenses
totales et prêts nets devraient ainsi baisser de 21 % en termes réels par
rapport à 2011. Le secteur de l'investissement public serait le plus
durement affecté avec une baisse de 60 % en termes réels. En revanche, les
autorités se sont engagées à protéger les dépenses courantes, en
particulier pour la prestation des services de base (éducation, santé,
agriculture) et les transferts sociaux. En termes réels, les dépenses
courantes ressortiraient stables en 2012 par rapport à 2011. Par ailleurs,
les autorités maliennes ont décidé de continuer d'honorer le service de la
dette extérieure
en dépit de la suspension des programmes d'aide. Cette bonne pratique est
de nature à faciliter un réengagement rapide des partenaires lorsque les
conditions politiques le permettront. L’orientation prudente de la politique budgétaire du Mali, se
traduisant également par un niveau d’endettement modéré, est un facteur
important de la stabilité macroéconomique. La dernière analyse de
soutenabilité de la dette (ASD) menée en 2012 a considéré le risque de
surendettement du Mali comme modéré, inchangé par rapport à l’ASD
précédente. La dette extérieure du Mali, entièrement publique,
ressortirait à 29,5% du PIB en 2012, après avoir atteint 28,1% en 2011. La
dette intérieure reste également faible. Elle passerait de 4,7% du PIB en
2011 à 5,1% en 2012. En termes de défis, le Mali doit encore réaliser des
progrès substantiels concernant le niveau de collecte des recettes. Pour
cela, la mise en œuvre du programme de transition fiscale est impérative.
Du point de vue de la dépense, la composition de celle-ci devrait être
fortement ajustée dans le moyen terme pour amplifier le niveau des
investissements publics, tout en assurant la délivrance des services
sociaux de base. Au sujet du financement, la dépendance vis-à-vis des
ressources extérieures constitue une contrainte forte, qui pourrait être
atténuée par l’approfondissement du marché financier domestique.
Budget 2013[11] : Le Budget
d’Etat 2013 (budget général et budgets annexes, comptes et fonds spéciaux),
après adoption de la loi des Finances rectificative en mai 2013, se chiffre en
dépenses à 1 464,596 milliards de francs CFA contre 1 057,257 milliards,
initialement prévus, soit une augmentation de 407,339 milliards ou un taux de
progression de 38,53 %. Les recettes passent de 1 007,080 milliards francs CFA
à 1 433,036 milliards dans le budget rectifié, soit une progression de 42,30 %.
Le déficit budgétaire dégagé est de 31,560 milliards de francs CFA contre
50,177 milliards prévus dans le budget initial 2013, soit une réduction de
18,617 milliards ou un taux de 37,10 %. Il sera financé par les ressources provenant des aides extérieures. La
reprise de la coopération financière avec les
partenaires techniques à travers des annonces d’appui budgétaire et la levée de
la suspension des financements extérieurs des projets de développement ont
rendu nécessaire la modification de la Loi de finances 2013 initiale. Il faut
rappeler que l’adoption d’un projet de loi de finances rectificative avait été
envisagée dès l’adoption de cette loi de finances en décembre dernier. Les
ajustements[12] du collectif budgétaire sont
destinés à prendre en compte les financements extérieurs (appuis budgétaires,
projets-programmes du budget spécial d’investissement), les fonds de concours
aux armées et à l’aide humanitaire, le reliquat des ressources issues de la
vente de la troisième licence de téléphonie mobile. S’y ajoutent les recettes
additionnelles attendues au titre des dividendes des sociétés minières et le
report d’une partie des ressources de l’appui budgétaire sectoriel 2010-2011
non utilisées de la santé et des fonds d’emprunts intérieurs. Les ressources au
titre des appuis budgétaires sont inscrites pour un montant de 170,65 milliards
financées par les principaux PTF du Mali (Union européenne, Pays-Bas, Banque
mondiale, Fonds monétaire international, Agence française de développement …).
Par ailleurs il a été créé un fonds de concours aux forces armées pour un
montant de 7,91 milliards dont 4,91 milliards financés par le fonds d’accès
universel de télécommunication et 3 milliards de contributions volontaires
prévues de personnes physiques.
- Monnaie et
inflation : En tant que pays
membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le Mali
partage les arrangements institutionnels de la Zone Franc, notamment le rattachement de la
monnaie commune (CFA) à l'Euro. Ce cadre institutionnel garantit un degré
de stabilité monétaire appréciable, mais suppose aussi des contraintes sur
l’autonomie de la politique monétaire, en particulier face à des chocs
asymétriques. Le coût d’ajustement induit en termes de réduction des
investissements publics est illustratif de la contrainte susmentionnée.
Entre 2010 et 2011, la masse monétaire a augmenté de
15%, entraînée principalement par la forte croissance des crédits à l’économie
(+24%) et par une légère détérioration de la position créditrice du
gouvernement. A fin octobre 2012, la masse monétaire a progressé de 13% en
glissement annuel. Cette progression reflète principalement une détérioration
plus accentuée de la position créditrice du gouvernement, tandis que la
croissance des crédits à l’économie est ressortie à 8% en glissement annuel. L’objectif
de stabilité des
prix, défini à moyen terme est globalement maintenu, malgré certains chocs
transitoires, de nature exogène. Le taux d’inflation moyen annuel est passé de 1,4 % en
2010 à 3 % en 2011 et 5,3% en 2012, principalement en raison de l'impact de la
sécheresse. Depuis novembre 2011, le taux d’inflation en glissement annuel
s’est maintenu au-dessus de la moyenne de l'UEMOA, avec un pic de 8,2 % à fin
Mai 2012. Selon les experts de l’ODHD/LP[13], cette hausse de l’inflation
n’est pas uniquement liée à la crise politique et sécuritaire. En effet, la
poussée haussière des prix en 2012 par poste de produit selon leur importance est engendrée par les poissons et
autres produits séchés ou fumés (32,6%), les céréales non transformées (14,9%),
les poissons frais (14,9%), la viande de bœuf (8,8%) le lait (8,6%). L’augmentation des prix de ces produis s’explique
par l’occupation des régions du Nord du pays qui sont à fort potentiel de
bétail et de poisson et la mauvaise campagne 2011-2012 au niveau des céréales.
Aussi, il convient de noter que d’autres produits ont connu une hausse modérée
des prix comme les tissus et habillement (4,9%), la communication téléphonique
(4,1%) et les produits pétroliers (2,6%) liée à l’augmentation des cours
internationaux. En revanche, les prix de certains produits ont suivi une
tendance à la baisse, il s’agit du sucre (- 9,1%) en raison des subventions de
l’Etat, les légumes frais et fruits (-6,6%), les médicaments modernes (-1,4%)
et le transport routier de passagers (-1,4%) en rapport avec la faiblesse du
trafic routier liée à l’insécurité dans le nord du pays. Pour ce qui concerne
les subventions de l’Etat, il faut préciser qu’il s’agit de subventions
indirectes, sous forme d’exonération ou d’allègement de droits de douane pour
éviter les pénuries, notamment pendant la période de grande consommation (jeûne).
Par ailleurs, il est prévu une décélération de l’inflation en 2013 de l’ordre
de 3,1 points de pourcentage en relation avec la bonne pluviométrie attendue.
- Balance
des paiements : En 2012, le déficit du compte courant (dons inclus) serait sensiblement
réduit par rapport à 2011, passant de 10,4% à 5,8% du PIB. Cette
amélioration du solde courant reflète principalement une augmentation
significative de la balance commerciale (+287 milliards FCFA) imputable à
la forte croissance des exportations en volume (+16% contre 6% pour le
volume des importations) et à l’amélioration des termes de l’échange. L’or
et le coton ont représenté quasiment 90% des exportations du Mali en 2012.
Cependant, le solde global de la balance des paiements devrait connaitre
une détérioration significative, en
raison de la baisse des flux de capitaux nets, surtout publics. Le
déficit global de la balance des paiements devrait être financé par une
ponction de même ampleur sur les réserves de change de la BCEAO. Le
dispositif du pool commun de devises participe ainsi de la résilience du
cadre macroéconomique face aux chocs externes.
- Le Plan de relance durable du Mali 2013-2014 (PRED)[14] : Il s’inscrit dans le cadre de la
Feuille de route du gouvernement de la transition et du Cadre stratégique
pour la croissance et la réduction de la pauvreté (2012-2017). Le PRED
prend en compte trois dimensions : militaire, politique et développement.
Dans la perspective de la création des bases d’une économie résiliente, le
PRED comprend des éléments structurants : les programmes d’investissement
en infrastructures (énergétiques, routières), les investissements pour
améliorer la qualité des services de l’administration, la sécurité
alimentaire, l’accès aux services sociaux de base (éducation, santé, accès
à l’eau potable). Le
PRED présente à la fois les enjeux de très court terme et les bases d’un
développement équilibré du territoire, avec douze thématiques prioritaires
à soutenir dès maintenant pour relever le Mali. Il s’agit d’assurer la
paix, la sécurité et l’intervention des services de l’Etat sur l’ensemble
du territoire, de répondre aux urgences humanitaires et aux conséquences
de la crise, d’organiser des élections libres et transparentes, de
garantir le bon fonctionnement de la justice et la lutte anti-corruption,
de relever le défi de l’éducation, de garantir l’accès à des services de santé de qualité
pour tous. Il s’agit également d’approfondir la gouvernance par le
processus de décentralisation pour un développement équilibré du
territoire et engager la réforme de l’Etat, de relancer l’économie par
l’appui du secteur privé, le renforcement de l’agriculture,
l’investissement en infrastructures et l’emploi des jeunes, de soutenir
les projets culturels, de promouvoir la place des femmes dans tous les
secteurs et d’intégrer le volet environnement dans les politiques et
stratégies. Le financement total pour faire face aux
priorités du PRED pour la période 2013-2014 s’élève à 2 849 milliards de
francs CFA. Le besoin de financement à couvrir, après prise en compte du
financement par le budget interne et des financements extérieurs
correspondants aux projets et programmes en cours et de financements
acquis ou partiellement acquis, se chiffre à 1 285 milliards francs CFA
sur les deux ans. Ce besoin de financement intègre l’écart de financement
du budget d’Etat pour un montant de 178 milliards de francs CFA sur deux
ans. Le
Fonds monétaire international (FMI)[15] estime que le Plan pour la
relance durable du Mali, qui vise à remettre en état l’infrastructure et à
accélérer le développement et la réduction de la pauvreté, de même que le
troisième Cadre de stratégie pour la croissance et la réduction de la
pauvreté qui en constitue la base, méritent un soutien total. Tous deux
sont exhaustifs et ambitieux et ont bénéficié d’un vaste processus de
consultation, et ensemble ils constituent une solide stratégie, à en
croire l’institution internationale.
Financement
du PRED[16] : La conférence
des donateurs pour le développement du Mali, placée sous le thème « Ensemble
pour le renouveau du Mali », qui s’est tenue le 15 mai 2013 au siège de l’Union
européenne à Bruxelles a été un franc succès au double plan de la mobilisation
des participants (108 délégations) et de la générosité des donateurs. En effet,
au terme du tour de table des annonces, la conférence a engrangé la rondelette
enveloppe de 3 milliards 250 millions d’Euros (pour une attente initiale
d’environ 3 milliards d’euros). Tous les secteurs prioritaires sont visés par
les donateurs au regard des 12 priorités qui ont été dégagées par les autorités
de la Transition. Diarra DIAKITE s’interroge : Que retenir finalement de
cette belle mobilisation internationale pour le Mali? Pour lui, le sort du Mali
n’indiffère personne et la place centrale qu’il occupe au cœur de l’Afrique de
l’Ouest est un atout que le monde entier reconnaît. Aussi, tous les orateurs
l’ont admis, il n’est dans l’intérêt de personne de laisser s’installer une
instabilité au Mali qui pourrait rapidement déborder de ses frontières pour
gangrener une sous-région déjà assez fragile. En outre, l’histoire, la culture
et la civilisation dont le Mali est l’héritier ainsi que son expérience
démocratique prématurément interrompue en 2012, sont autant d’éléments qui ont
fasciné et conquis la sympathie du monde entier. Un sacre assorti d’un droit de
regard quant à la régularité de la gestion des fonds mis à disposition et d’une
obligation de résultat quant à leur efficacité.
La récente crise militaro-civile a
mis à nue la grande vulnérabilité de l’économie malienne. Elle a aussi confirmé
la trop grande dépendance du pays à l’aide financière extérieure. Pour les experts de l’ODHD/LP[17], c’est un des enseignements clés
de la crise. En
effet, l’économie malienne est financée à plus de 70% par l’extérieur à travers
différents modes de financement: Aide Publique Directe, Appui Budgétaire
Sectoriel, Appui Budgétaire Général, l’action humanitaire (qui englobe l’aide
d’urgence, la sécurité alimentaire ….), la contribution des ONG, les
investissements directs privés. La suspension de la seule Aide
publique directe au budget a eu des conséquences graves sur le niveau des
investissements publics responsable en grande partie de la récession économique en 2012 de -1,5% ; alors
qu’une suspension partielle de 50% ramènerait le taux de croissance à 1,6% en
2012, une reprise totale porterait ce taux à 4,7% en 2012.
Pour les experts de l’ODHD/LP[18],
la politique d’austérité budgétaire en cours présente aussi des inconvénients.
Pour eux, si la crise perdure et si le gouvernement n’agit pas sur la demande
intérieure, l’économie malienne se trouvera dans un cycle de récession. En
effet, bien que ne représentant que 35% de la demande intérieure, les dépenses
publiques ont un important effet multiplicateur de près de 40% sur la demande
privée. La baisse de la demande adressée aux entreprises affecte leur niveau de
production et implique une réduction de l’investissement et de l’emploi. Ceci
entraîne une diminution des revenus des ménages et alimente un nouveau recul de
la demande adressée aux entreprises, et ainsi de suite. En plus d’une demande
publique déjà faible, la situation des entreprises est aggravée par une
accumulation d’arriérés de paiement vis-à-vis de l’Etat. Ces impayés
priveraient les entreprises de recettes nécessaires à leur fonctionnement ainsi
qu’au respect de leur engagement vis-à-vis des banques et au paiement des
impôts. Un autre inconvénient de l’ajustement budgétaire est la baisse du
financement des secteurs sociaux. L’effort de l’Etat dans ce domaine a consisté
au maintien des dépenses courantes, le gouvernement ne pourra pas atteindre le
niveau des investissements attendus en 2012 et 2013 en termes de construction
de salles de classe pour l’éducation et de mise à niveau des centres de santé.
La politique budgétaire actuelle du Mali doit chercher un équilibre entre un
déficit budgétaire normé par les critères de convergence de l’UEMOA et une
augmentation de la demande intérieure capable d’entraîner une croissance à 4,8% selon l’hypothèse d’une reprise
de la production dans les secteurs secondaire et tertiaire en raison du calme
relatif et une demande intérieure un peu plus élevée que celle de 2012 et avec
le retour de l’investissement public prévu au budget 2013. Cet optimisme tient
à quatre facteurs essentiels. Il s’agit de l’amorce d’une transition politique
en bonne voie, de la bonne tenue du secteur agricole, de la bonne tenue des
ressources internes et de la reprise du programme avec le FMI. Néanmoins,
malgré cet optimisme, il n’en demeure pas moins que des incertitudes pèsent
toujours non seulement sur la sortie de crise institutionnelle à travers les
élections mais aussi et surtout la crise sécuritaire au nord. Bien qu’une
intervention militaire de la communauté internationale soit déjà actée. De plus
l’économie reste toujours vulnérable aux aléas climatiques et aux fluctuations
du cours de l’or et du coton. Selon les experts de l’ODHD/LP, au vu des
enseignements tirés de la crise politique et sécuritaire, des allocations
supplémentaires devraient être accordées à certains axes du CSCRP pour accroître
la résilience de l’économie.
Selon les économistes de la Banque Mondiale[19], les
perspectives économiques à court terme du Mali dépendront fortement des
évolutions sur le terrain politique et
sécuritaire. Sous l’hypothèse de la poursuite du dynamisme des secteurs
agricole et aurifère, le taux de croissance économique pourrait retrouver un
rythme proche de son niveau tendanciel de 5% en 2013. En revanche, le PIB
devrait rester en dessous de son niveau potentiel, suite aux chocs subis par
l’économie en 2011 et 2012. En termes de priorités,
la relance de l’économie devrait soutenir l’accès aux services sociaux de base
pour atténuer l’impact des chocs sur la pauvreté et les indicateurs sociaux. De
même, la remise en état des infrastructures et services administratifs pourrait
relancer le secteur de la construction et les prestations de service. Le gap
créé au niveau du financement des investissements, qui affecte directement le
potentiel de croissance devrait être résorbé à moyen terme. Dans cette
dynamique, les réformes concernant la préparation et l’exécution des projets
d’investissements publics sont cruciales. A moyen terme, l’agenda des réformes
structurelles devrait être renforcé pour consolider les fondements de la
stabilité macroéconomique, mais aussi corriger les éléments de vulnérabilité
liés à la faible diversification de la production. De même, le développement du
capital humain devrait être au centre de l’agenda des réformes, en vue de la
génération d’emplois productifs. Enfin, le développement des infrastructures de
soutien à la production, que ce soit en matière énergétique, d’aménagement
agricole ou de désenclavement des zones de production, représente un chantier
majeur.
Il
faut rappeler qu’en 1999, les maliens interrogés lors de l’Etude Nationale
Prospective[21] aspiraient à l’horizon
2025 :
-
à
un développement du pays qui aura comme base le secteur primaire qui doit
concentrer tous les efforts, rendu indépendant des aléas de la nature ;
-
à
une croissance économique soutenue et génératrice de progrès social et une
meilleure répartition des richesses pour une réduction significative de la
pauvreté ;
-
à
la décentralisation de la gestion des affaires publiques pour une meilleure
gestion des ressources du pays ;
-
à
la responsabilisation du monde rural et celle des paysans en particulier ;
-
à
une économie forte basée sur la promotion du secteur privé ;
-
au
désenclavement intérieur et extérieur du pays ;
-
à
un développement plus équilibré de toutes les régions.
Enfin, un dernier point de vigilance à préciser. Beaucoup de maliens
n’arrivent pas à comprendre que leur pays présente des performances macro-économiques appréciables alors que la
pauvreté ne recule pas. Pour engager une
piste de réflexion, nous allons nous autoriser les commentaires de Xavier
COUPLET et Daniel HEUCHENNE[22] sur cette problématique. Pour ces auteurs, « il convient de ne pas
confondre le développement avec la croissance économique bien qu'au cours des
temps l'un a souvent accompagné l'autre. Si le terme croissance s’applique à
une simple élévation des principales grandeurs d’un état donné, le terme
développement implique des transformations plus profondes : un arbre croît mais
un fœtus se développe. » D’où vient donc cette difficulté de définir
la croissance ? s’interroge Christophe BORMANS[23]. Il cite Philippe d’IRIBARNE,
pour qui « la croissance ne permet
nullement aux pauvres d’obtenir demain, en terme de bien-être, ce dont les
riches disposent aujourd’hui ». Il précise que « quand les pauvres auront acquis les objets réservés aujourd’hui à une
minorité, ces mêmes objets auront été dévalorisés par les nouveaux objets que
posséderont alors les riches ». Alain BARRERE résume bien la complexité de
la dualité croissance-développement. Pour l’auteur-compositeur-interprète français :
« Le développement doit être saisi dans
son intégralité car, dépassant les phénomènes économiques de croissance, il
englobe aussi les éléments d’ordre psychologique, moral, social, culturel,
politique, religieux qui concourent à la valorisation des personnes et des
sociétés ».
Objectif : Faire du Mali une économie émergente à
l’horizon 2030.
L’objectif
est d’assurer l’émergence économique du Mali à l’horizon 2030 grâce à une croissance robuste, durable, inclusive
et génératrice de progrès social.
Ce plan est une réponse durable aux défis prégnants du développement du
Mali. Il se démarque de l’urgence en engageant l’économie sur une transformation
structurelle. Il s’inscrit dans une dynamique renouvelée en rupture avec le Plan
de relance durable du Mali (PRED, 2013-2014) et dans le sillage du nouveau
Cadre Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (CSCRP,
2012-2017). Il consolide les acquis et corrige les insuffisances. Il prend
aussi en compte les nouveaux enjeux exposés par la récente crise
militaro-civile en renforçant la résilience du cadre macroéconomique face aux chocs
externes et aux pressions internes. Selon le Fonds monétaire international (FMI)[24], pour être durables la
croissance et la réduction de la pauvreté doivent s’appuyer sur la viabilité
budgétaire, la réforme de la gestion des finances publiques, un bon climat des
affaires, un travail de lutte contre la corruption et une aide efficace.
Il est attendu du PEMEC les impacts suivants :
3-
Inflation : Au cours de la période de
mise en œuvre du PEMEC (2014-2030), la variation de la moyenne annuelle de
l’indice des prix à la consommation devrait ressortir en-dessous du seuil de 3%
fixé par l’UEMOA.
C’est un objectif tout à fait
réaliste puisqu’en moyenne sur les deux dernières décennies (1991-2011), hormis
les pics de 23,9% en 1991, 12,7% en 1995 et 9,2% en 2008, l’inflation a été
toujours modérée avec même des situations déflationnistes pour certaines années
(1993, 1997, 1999, 2000, 2003, 2004). La poussée de 5,3% en 2012 est
circonstancielle du fait des répercussions négatives de la triple crise
alimentaire, sécuritaire et institutionnelle. Dès 2013, il est d’ailleurs prévu
une décélération de l’inflation autour de 3,1%.
4- Politique budgétaire : Le solde budgétaire de base en pourcentage du PIB est l’indicateur
clé au niveau des critères de convergence (premier rang) dont la norme
communautaire est positive ou nulle. Le PEMEC se fixe comme objectif de réduire progressivement le déficit budgétaire
et d’arriver à dégager un excédent budgétaire à partir de 2020. La tendance est
déjà encourageante au regard du trend dégagé sur la période d’observation
(1991-2011). Pour preuve, malgré la crise militaro-civile qui a entraîné le
départ des bailleurs de fonds et le resserrement des recettes intérieures, le solde
budgétaire est légèrement positif (+0,9%) en 2012 (données BCEAO) faisant du
Mali le seul pays de l’UEMOA à avoir un solde budgétaire positif. Cet excédent
exceptionnel dégagé par le Mali résulte d’une amputation du budget initial par
la suspension ou le gel de certaines dépenses d’investissement, pour orienter
les ressources anticipées vers les dépenses de fonctionnement, notamment vers des
secteurs clés au vu de la conjoncture qui prévalait: agriculture, santé,
éducation et sécurité. Pour autant, à l’orientation prudente de la politique
budgétaire actuelle succédera une démarche plus volontariste et mesurée pour
assurer le financement adéquat des politiques publiques du Plan « Mali
2030 ».
5- Dette publique : Dès que le PEMEC atteindra sa
vitesse de croisière (à partir de 2020), le désendettement du Mali sera engagé
pour assurer aux générations futures plus de visibilité, plus de marge de
manœuvre. En attendant, le Mali continuera à s’endetter de façon efficace et à honorer,
à termes échus, les traites de sa dette extérieure. Une priorité sera aussi accordée
au traitement de la dette intérieure pour permettre au secteur privé de
disposer de la liquidité nécessaire au bon fonctionnement de ses activités. Il
faut rappeler, comme indiqué dans les constats, que l’analyse de soutenabilité de la
dette (ASD) menée en 2012 a considéré le risque de surendettement du Mali comme
modéré. La dette extérieure du Mali, entièrement publique, ressortait à moins
du tiers de la richesse nationale en 2012 (29,5% du PIB), ce qui respectait la
norme communautaire d’un plafond de 70% du PIB. La dette intérieure suit la
même tendance avec un niveau équivalent à 5,1% de la production nationale en
2012.
6- Politique monétaire : L’objectif du PEMEC est d’assurer à l’économie malienne une politique
monétaire stable et renforcée à même d’assurer son financement sain et
adéquat. Il s’agira donc d’augmenter
significativement la masse monétaire du fait essentiellement de la croissance
soutenue des engagements bancaires et non d’une détérioration de la position
nette du gouvernement (PNG). En effet, durant la période 1991-2011, la masse
monétaire est restée contenue à moins de 30% avec un minimum de 20,7% en 1995
et un maximum de 32,0% en 2003. Pour ce
qui est du système de change fixe avec l’euro, à travers l’accord de
coopération du Mali avec la France[25], toute évolution en
faveur du maintien, de la révision ou du désengagement devra se faire de concert
avec les autres Etats membres de l’UMOA et de façon plus globale avec les pays
membres de la zone Franc.
7-
Balance
des paiements : La norme
communautaire de 5% maximum du PIB pour le déficit extérieur courant hors dons sera
respectée et même améliorée avec les effets bénéfiques attendus du Plan
Emergence Verte (PMEV). La situation exceptionnelle de 2012 présage déjà de
cette tendance. En effet, l’année 2012 a enregistré une réduction significative
du déficit du compte courant qui s’est fixé à 5,8% du PIB contre 10,4% en 2011
du fait du solde positif de la balance commerciale (+287 milliards francs CFA) et
de l’amélioration des termes de l’échange (+16% contre 6% pour le volume des
importations). En définitive, le solde global de la balance des paiements
ressentira les efforts coordonnés du Plan « Mali 2030 » avec moins de
pression sur les réserves de change de la BCEAO.
Conclusion :
La crise militaro-civile de 2012 n’a pas eu que des
mécomptes. Elle a eu le mérite d’exhumer, à la face des plus défiants, l’extrême
fragilité de l’économie malienne. Celle-ci, sérieusement ébranlée par les
différents programmes d’ajustement structurel (PAS) des années 80, peinait à se
redresser avec les récentes initiatives de réduction de pauvreté (la nouvelle
variante améliorée des PAS). Nos gouvernants pour
magnifier la qualité de leur politique économique – et non de leur modèle
économique – financée à plus de 70% par
l’extérieur, n’hésitent pas à se complimenter du titre de « bon élève » que confèrent
les institutions internationales aux pays pauvres qui se seraient distingués dans
la bonne application de leur prescription. Et entretemps, l’écrasante majorité
de la population croule sous le poids de la misère. A quoi bon vivre pauvre si
on nous promet de mourir riche ! Cela fait plus de trois decennies qu’on
nous dit que nous vivons au-dessus de nos moyens et qu’il faut tantôt s’ajuster
non pas à nos besoins essentiels mais à nos maigres ressources, tantôt réduire
la voilure de la « pauvreté » créée par ces mêmes mesures
d’ajustement. Dans ce système de balancier, chaque « tic-tac » est en
réalité une « tac-tic » de plus pour endormir et appauvrir les
populations africaines.
Pour l’ancienne ministre malienne, Madame Aminata TRAORE,
« les acteurs politiques et sociaux ont
cru et continuent de penser qu’on peut dormir sur la natte des autres, (pour
employer une expression chère au Professeur Joseph Ki Zerbo), et bien s’en
porter. »[26] Or qui
dit emprunt aujourd’hui, dit remboursement plus tard. Ne dit-on d’ailleurs pas,
en bambara[27], « se nouer une corde autour du cou » parlant
de l’acte de s’endetter. Le risque majeur, au-delà de la soutenabilité de la
dette, pour un pays très pauvre comme le Mali c’est de le laisser aux mains de
ravisseurs peu scrupuleux – qui peut d’ailleurs croire le contraire – et que
les générations futures aient besoin de consacrer leur vie, non à développer
leur pays, mais à payer, en sang et en devises fortes, la rançon nécessaire
pour le libérer et recouvrer ainsi leur dignité et leur honneur, sacrifiés sous
l’autel de nos atermoiements d’aujourd’hui. Le temps est un grand bavard disait
le poète grec Euripide. Faisons-le confiance. Il parlera sans être interrogé.
Sinon comment comprendre qu’après trois decennies de
programmes contraignants sous l’égide des institutions internationales, le Mali
soit toujours le 6ème pays le plus pauvre du monde (182ème/186 ;
IDH 2013) et 68,4% des maliens vivent dans la précarité presque totale ?
Maintenant, il est temps – et il est même grand temps –
que les gouvernants maliens deviennent de « bons élèves » du Mali, tant par la
pertinence de leur modèle économique que par les résultats tangibles et
mesurables des actions menées au profit des populations maliennes et de tous
les « partenaires » qui ont fait le choix de la « destination
Mali ». C’est la grande ambition du Plan Emergence Economique (PEMEC) :
construire un pays émergent, attractif et compétitif à l’horizon 2030.
[1] - Michel ROCARD, né le 23 août 1930 à
Courbevoie (Seine), est un homme politique français, membre du Parti
socialiste. Il a été Premier ministre de France de juin 1988 à mai 1991 sous la
présidence de François Mitterrand. La fin des années 1970 marque l’avènement du
rocardisme, un courant au sein du Parti socialiste qui affiche une tendance
décentralisatrice (congrès de Nantes, 1977), puis ouvertement hostile aux
nationalisations intégrales préparées par les mitterrandistes (congrès de Metz,
1979). La citation est extraite de son ouvrage « Rendre ses chances à la gauche ». (Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Rocard#Le_.C2.AB_rocardisme_.C2.BB).
[2] - L'expression pays les moins avancés
(PMA) désigne une catégorie de pays créée en 1971 par l'Organisation des
Nations unies (ONU), regroupant les pays les moins développés
socio-économiquement de la planète. Dans sa définition de 2003, le Conseil économique
et social des Nations unies a retenu trois critères pour déterminer la liste
des PMA : revenu par habitant basé sur une estimation moyenne du produit
intérieur brut par habitant pendant trois années, s'il est inférieur à 900 $
US, le pays est retenu pour la qualification de PMA ; retard dans le
développement humain basé sur un indice composite incluant des indicateurs de
santé, nutrition et scolarisation ; vulnérabilité économique basé sur un
indice composite incluant des indicateurs sur l'instabilité, la production et
les exportations agricoles, le manque de diversification de la production, et
le handicap d'être un petit pays. En appliquant ces critères, on compte, depuis
1er janvier 2012, 49 PMA : 34 en Afrique, 9 en Asie, 5 en Océanie et 1 en Amérique. Ils étaient 25 lors de la
création de l'appellation PMA en 1971. Trois pays ont quitté le groupe des PMA
suite à leur croissance économique : le Botswana en 1994, le Cap-Vert en 2007
et les Maldives en 2011. Depuis 2009, les Samoa sont en attente d'une décision
qui pourrait en faire le quatrième pays à quitter le groupe. (Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_les_moins_avanc%C3%A9s).
[3] - Source : Cheickna Bounajim CISSE, Après les BRICS, voici le MANGANESE,
journal Les Afriques n° 237 du 28 mars 2013.
[4] - Si le Mali a enregistré une contraction
de 1,5% ou de 1,2% de son PIB réel,
selon les toutes récentes estimations datées de mars 2013, l’impact
négatif de la situation politique sur l’activité économique a été
considérablement atténué par un rebond spectaculaire de la production agricole
en 2012 (+14%) ainsi que par la hausse de la production aurifère (+9%). « Sans cette conjonction de facteurs
exogènes, la chute du PIB aurait été beaucoup plus spectaculaire », précise
Cheikh DIOP, économiste à la Banque Mondiale et auteur du dernier rapport
économique sur le Mali. (Source : L’économie
malienne est résiliente face à la crise, http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2013/03/14/the-malian-economy-holds-steady-in-the-face-of-crisis,
14 mars 2013).
[5] - Pour les experts de l’ODHD/LP, cet
ajustement budgétaire présente des avantages. Il a permis d’éviter
l’accumulation des déficits budgétaires qui vient gonfler l’encours de la dette
publique et augmente les charges futures de l’État. Il a surtout contribué à
maîtriser les dépenses de défense et de sécurité en une période de crise
sécuritaire. (Source : Observatoire du Développement Humain Durable et de la
Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP), Effets
économiques et financiers de la crise politique et sécuritaire 2012 au Mali:
analyse de la situation et énoncé de mesures conservatoires, Rapport Final,
Février 2013).
[6] - Le Gouvernement de Transition a pour
missions principales la gestion de la crise dans le Nord, l’organisation
d’élections libres, transparentes et démocratiques et la gestion d’une économie
en récession pendant la période de transition. (Source : Observatoire du
Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et financiers de la crise
politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la situation et énoncé de
mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013).
[7] - Source : Banque Mondiale, Mali Rapport économique bi-annuel,
janvier 2013.
[8] - Observatoire
du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et financiers de la crise
politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la situation et énoncé de
mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013.
[9] - La politique
budgétaire constitue, avec la politique monétaire, l’un des principaux leviers
de la politique économique de l’État. Elle consiste à utiliser certains
instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements
fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. Le Mali qui se trouve en
situation de conflit armé, de crise politique et institutionnelle entraînant
une récession économique n’a eu d’autre choix que de mettre en œuvre une
politique budgétaire basée sur la réduction du déficit pour se rapprocher de l’équilibre
budgétaire. Ce choix s’explique par le fait que : - les politiques budgétaires
nationales demeurent pour les pays membres de l’UEMOA le principal instrument
pour faire face à des chocs économiques, en effet, le gouvernement de
transition, dans le cadre de l’UEMOA ne peut pas recourir à la politique
monétaire pour influer sur les variations de la conjoncture économique, - le
Mali non seulement n’a pas accès au marché financier international, mais aussi
n’a aucune possibilité d’emprunter auprès de ses Partenaires Financiers à cause
de la suspension de la coopération. (Source : Observatoire du
Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et financiers de la crise
politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la situation et énoncé de
mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013).
[10] - Selon, le
Fonds monétaire international (FMI), les autorités maliennes ont réagi de
manière rapide et efficace avec un budget qui a sauvegardé les priorités absolues.
(Source : Allocution du Directeur général adjoint du FMI, M. Min Zhu, Ensemble
pour le renouveau du Mali, Conférence des bailleurs de fonds pour le
développement du Mali, Bruxelles, 15 mai 2013,
http://www.imf.org/external/french/np/speeches/2013/051513bf.htm).
[11] - Source : Assemblée nationale : La loi des finances
rectificative adoptée, 13 Mai 2013, http://www.primature.gov.ml/index.php?option=com_content&view=article&id=10055:assemblee-nationale-la-loi-des-finances-rectificative-adoptee&catid=5&Itemid=100037.
[12]
- Le gouvernement a augmenté à trois reprises la taxe sur les produits
pétroliers afin d’améliorer les recettes fiscales. De plus, le gouvernement a
décidé de réduire la subvention du gaz butane afin d’obtenir des économies. Par
nature de dépenses, le réajustement a été marqué par la prise en compte de la
situation particulière d’occupation des régions nord, les budgets de la Défense
et de la Sécurité ont même été revus à la hausse d’environ 30 milliards de
FCFA. Aussi, la masse salariale n’a pas été touchée par la réduction. De même,
la politique de subvention des intrants agricoles (9 milliards FCFA) a été
reconduite pour éviter la situation de crise alimentaire de 2012. Aussi, la
subvention à l’électricité (EDM) a été ajustée à la hausse passant de 20
milliards de FCFA à 30 milliards de FCFA pour soutenir la fourniture de
l’électricité. Pour amoindrir le manque des ressources extérieures au niveau
des secteurs sociaux, des dépenses spéciales au niveau de l’éducation (les
frais scolaires, les bourses etc.) et de la santé (subvention des hôpitaux, la
subvention au VIH, le paludisme, la césarienne, la tuberculose etc.) à défaut
d’être augmenté, ont été maintenues à leur niveau initial. Globalement,
l’ajustement des dépenses a accordé la priorité au paiement des salaires, au
fonctionnement minimum de l’Administration, les dépenses militaires pour la
reconquête des régions du nord, le maintien dans la mesure du possible du
financement des services sociaux de base, l’humanitaire et au paiement de la dette
extérieure afin de préserver la crédibilité de l’Etat. (Source : Observatoire
du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et financiers de la crise
politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la situation et énoncé de
mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013).
[13]
- Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la
Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et
financiers de la crise politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la
situation et énoncé de mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013.
[14]
- Source : M. KEITA, Les 12 grands
objectifs du Plan de Relance, Journal l’Essor du jeudi 16 mai 2013.
[15]
- Source : Allocution du Directeur général adjoint du FMI, M. Min Zhu, Ensemble pour le renouveau du Mali,
Conférence des bailleurs de fonds pour le développement du Mali, Bruxelles,
15 mai 2013, http://www.imf.org/external/french/np/speeches/2013/051513bf.htm.
[16]
- Source : Diarra DIAKITE (communication de la Présidence de la République),
http://www.koulouba.pr.ml/.
[17]
- Observatoire du Développement Humain Durable et de la Lutte Contre la
Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et
financiers de la crise politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la
situation et énoncé de mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013.
[18] - Source : Observatoire du Développement
Humain Durable et de la Lutte Contre la Pauvreté (ODHD/LP), Effets économiques et financiers de la crise
politique et sécuritaire 2012 au Mali: analyse de la situation et énoncé de
mesures conservatoires, Rapport Final, Février 2013.
[19] - Source : Banque Mondiale, Mali Rapport économique bi-annuel,
janvier 2013.
[20] - Banque Centrale des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (BCEAO), Perspectives
économiques des Etats de l’union économique et monétaire ouest africaine en
2013, janvier 2013.
[21] - Enquête nationale « Grand
Public » à travers un échantillon représentatif (urbain, rural) de
2 654 personnes âgées de 15 ans ou plus réparties sur toute l’étendue du
territoire national. (Source : Etude Nationale Prospective « Mali
2025 », Rapport de Synthèse, Présidence de la République, Secrétariat
Général, juin 1999).
[22] - Source : Xavier COUPLET et Daniel
HEUCHENNE, Religions et Développement, Economica, Paris, 1998. http://www.religionsetdeveloppement.com/controler.php?to=page&tpl=std_frame&data=RDFR_introduction.
[23] - Source : Christophe BORMANS, 400 citations d'économie: commentées &
analysées, Levallois-Perret : Jeunes Éditions : Studyrama, 2001.
[24] - Source :
Allocution du Directeur général adjoint du FMI, M. Min Zhu, Ensemble pour le renouveau du Mali,
Conférence des bailleurs de fonds pour le développement du Mali, Bruxelles,
15 mai 2013, http://www.imf.org/external/french/np/speeches/2013/051513bf.htm
[25] - Les traités de coopération monétaire signés entre la France et les pays
africains de la zone franc (Afrique de l’ouest, Afrique centrale et les Iles
Comores) ont été maintenus lors du passage à l’euro en janvier 1999. La France a
négocié et obtenu de ses partenaires européens le maintien de cet Accord, avec
juste un devoir d’informer les autres Etats membres de la zone euro sur
l’évolution de sa coopération avec les pays africains et une substitution du
franc français comme monnaie ancre par l’euro. Ainsi, la BCEAO, la BEAC et la
Banque Centrale des Comores sont en relation avec la Banque de France et non
avec la BCE. Cette concession avait été faite à la France en raison de ses
liens historiques avec ces pays et surtout la masse monétaire (franc CFA et
franc comorien confondus) qui était très peu significative (moins de 5%), par
rapport à la sienne. L’hypothèse faite étant qu’en cas de difficultés majeures,
la France sera à même d’y faire face seule, vu le poids relatif de la zone Franc
sur le plan monétaire.
[26] - Source : Sidy DIOP et Habib Demba
FALL, Spécial Mali, Le Mali face à ses urgences, Le Soleil International,
décembre 2012. Interview de Madame Aminata Traoré, de membre active de la Société
civile et ancienne ministre de la République.
[27]
- le bambara est la langue nationale la plus utilisée
au Mali.
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