lundi 26 décembre 2016

JOUR FERIE SI TU NOUS TIENS !


Les Maliens sont-ils donc conscients de la réalité du retard économique de leur pays ? Pas si sûr. Il n’y a pas de miracle en économie. Pour créer plus de richesse, on peut améliorer la productivité, mais la courte échelle est de produire plus, et donc de travailler plus.
Si cette formule est admise, comment comprendre que le Mali puisse s’offrir le « luxe » d’au moins 12 jours fériés l’an, alors que dans certains pays dits industrialisés, à des années-lumière du statut économique du Mali, le nombre soit nettement moins élevé : Etats-Unis, Canada, Chine (10 jours) ; France (11 jours) ; Allemagne (9 jours). Pire, le goût de certains Maliens pour les jours chômés est tellement prononcé qu’ils ont inventé le « pont », c’est-à-dire la veille ou le lendemain d’une fête lorsque celle-ci tombe un mardi ou un jeudi. Et gare au jour ouvrable qui s’intercalerait entre deux jours fériés ! Le « bridge » est tout de suite construit. Et pour une fois, on s’accroche aux nouvelles de la télévision publique. Et quand le Gouvernement ne déclare pas le « pont », « journée chômée et payée », ou tarde à le faire, certains fonctionnaires font « l’école buissonnière », désertant tout simplement leur poste de travail, en laissant les usagers du service public à l’errance.

C’est une réalité, au Mali, on s’improvise de longs week-ends. L’actuel Premier ministre Modibo Keïta en a fait l’amère expérience. Le vendredi 25 septembre 2015, lendemain de la fête de la Tabaski, il a effectué des visites impromptues au niveau de la Cité administrative (temple de l’administration publique malienne), pour constater l’absence de certains ministres et de plusieurs hauts-fonctionnaires de l’Etat. Et le constat n’est pas simplement au niveau de la fonction publique. Il est aussi patent dans les lieux de formation. Chez les étudiants, tous munis à l’occasion d’une « montre suisse », la règle des « 15 minutes », voire même moins, prévaut depuis des décennies  : « Si dans 15 min, le prof n’est pas là, je me casse ! » Même, certains jeunes élèves – l’avenir de la nation – se frottent les mains d’avoir moins d’heures à étudier ; et jubilent dès que leurs parents, heureux eux aussi, leur annoncent la bonne nouvelle : un nouveau jour férié de plus !
Pourtant, tout le monde veut que le Mali se développe et soit à l’image des grandes nations du monde. C’est une quête légitime, mais il va falloir travailler plus et mieux pour accéder à un tel statut.

(*) - Extraits de l'ouvrage de Cheickna Bounajim Cissé, Construire l’émergence, Un pari pour l’avenir : 12 axes d’action, 100 propositions pour booster le financement de l’économie, Editions BoD, septembre 2016, 736 pages.

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